Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Jean GINIEIS.-LABORDE.

Jean Ginieis-Laborde, né en 1899 à Oloron-Sainte-Marie, membre du réseau de renseignements et de passage « Marc-France », est arrêté par la Gestapo en mai 1943. Il est déporté à Mathausen d’où il revient en 1945.

 

 

Mme Sylvie Isabelle Armet nous a confié le texte que sa mère a écrit à la mémoire de Jean Ginieis-Laborde, son père, pour conserver la mémoire de ce résistant. 

 

« A mon père.

 Jean Ginieis Laborde, né le 30 janvier 1899 à Oloron Sainte Marie, il part à l’age de 5 ans  avec sa mère concertiste guitariste en Argentine.

-A 17/18 ans, il combat aux îles Malouines (Falkland)

-A 20 ans, il est chef de centrale électrique à Mercedes (proche de Buenos Aires)

-A 25 ans, il est envoyé par la Général Electric Motors,pour électrifier  les Asturies (l’Espagne), puis rentre en France à Biarritz où, il travaille au garage Hispano Suiza.

A l’époque, Ginieis-Laborde, est le meilleur technicien radio de toute la côte Basque, aussi les nazis de la Kriegsmarine ne mettent pas longtemps pour s’assurer de son concours pour le charger des installations électriques de leurs batteries de la côte de la Bidassoa.

-Il est enrôlé par une organisation Belge clandestine le  Réseau « Marc France »            

Dans son travail, il a pu notamment faire exploser du côté de Hendaye des pièces de 380 de la batterie lourde à grande portée au cours d ‘exercices où il était toujours présent, ne sachant à quel moment tout « sauterait ».

-Il a mis au point un procédé qui consiste :  A introduire des plaques de  « plastic » dans les gargousses de poudre, son procédé est parfait : en moins de 1 minute, il découd l’enveloppe, recoud et recolle l’étiquette.

La sentinelle allemande en arme, préposée  à sa surveillance est si loin de le soupçonner qu’il accepte souvent d’aller chercher un outil dans la casemate voisine.

-1943 En début d’année Bordeaux devenue base sous marine, Italiens et Allemands entretiennent et réparent des bâtiments de grande croisière moderne « Le Léonardo Da Vinci et le Fidji »

 Ils doivent subir des modifications importantes, Jean Ginieis-Laborde et Dupéré, un compagnon grutier qui a un permis de circuler sur la base,  font des photos du haut de la grue en manœuvre.

Les photos relèvent nettement un sous marin miniature.

Mon père parle couramment l’Italien et réussi à rentrer sur la base avec des pastilles de Carborundum : c’est un émeri plus dur que le verre qui est enrobé avec de la paraffine que se répand dans les moteurs au premier échauffement (les pastilles sont reçues d’Angleterre (puis fabriquées sur place dans un laboratoire d’Anglet).

-Le 25 avril 1943, suite au sabotage des deux bâtiments, et la stupéfiante histoire de leur destruction les deux bateaux sont mis hors d’usage, sitôt cette affaire terminée mon père en écrivit le récit qu’il envoya à Paris. Puis rentra à Guethary et repris tranquillement son travail chez les Allemands.

Le 1er mai, il est avertit que le bureau parisien de la rue Edmond Roger avait été fouillé par la « Gestapo » !

Partir c’était signer un aveu de complicité et compromettre les camarades. Il décide de rester.

-Le 3 mai à 14h mon  père fût arrêté au moment où il partait pour son travail.

-Il fût battu, torturé, la plante des pieds brûlée, avant d’être suspendu par les poignets les bras tendus vers l’arrière du corps. Cruauté inutile puisque les Allemands connaissaient déjà le nom  des ses camarades.

 précision : Tous les membres du réseau furent arrêtés dans l’ordre de la liste sauf ma mère qui à l’époque n’était pas mariée avec mon père, et avait le N° 11 bis sur la liste.

Ma mère faisait passer le courrier à Guethary même, directement dans le train avec la complicité du chauffeur  qui ralentissait à l’endroit du rendez-vous.

Les principaux membres du réseau « Marc France » furent arrêtés par la « Gestapo. »

Mon père fût déporté à Mauthausen (Autriche) transitant par Fresnes puis Sarrebruck, puis Mauthausen.

« Camp d’extermination »  Mon père avait le matricule 35156, il  fût libéré du camp par la croix- rouge le 24-04-1945.

Il a été déporté sous le « sigle  nuit et brouillard » condamné à mort trois fois par les nazis.

De ce réseau ne sont rentrés que Jean Ginieis-Laborde et Mademoiselle Naviset « membre éminant du Réseau Marc France »

Mon père souhaitait ne pas mourir dans l’enfer des camps.

Il a eu le courage de résister à toutes les atrocités et est décédé dans son lit comme il le souhaitait le 17 janvier 1973 à 9 h à Biarritz.

J’ai écrit ce récit bien écourté de toutes les horreurs, la cruauté, l’obscurantisme, vécu par mon père et d’autres personnes, comme lui qui ont voulu faire connaître tous ces crimes commis contre l’humanité entière.

-JEUNES GENERATIONS  rappelez -vous ce que vos aînés ont vécus et ne recommettez plus jamais ça….

Fait en mémoire de mon cher père ce héros qui est toujours vivant dans mon souvenir.

Liliane Ginieis.

Mon père et Monsieur Suares était tous deux amis et compagnons de la libération. »

Informations complémentaires.

Le réseau Marc-France dans les Basses-Pyrénées: cliquer ici.

Jean Ginieis-Laborde a été décoré de la Médaille de la Résistance Française.

Décret du 24/04/1945, paru au J.O. du 17/05/1946.

 

Jean Ginieis-Laborde a été homologué au titre de Forces Françaises Combattantes et reconnu comme Déporté-Interné-Résistant, ayant appartenu au Réseau Marc-France.

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