Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Aux lendemains de l’entrevue de Montoire. Trois articles du Patriote des Pyrénées sur le principe du régime de collaboration.

Après l’entrevue de Montoire du 24 octobre 1940, le quotidien local « Le Patriote des Pyrénées » publie 3 articles consécutifs pour commenter le principe du régime de collaboration.

 

 

 

 

Les 29, 30 et 31 octobre 1940, Le patriote des Pyrénées publie, en une du quotidien, trois articles de fond se rapportant au principe de la collaboration.

 

 

Article du 29 octobre 1940.  « Loyalisme conditionnel ».

 

 

 

Transcription de l’article original.

 

LOYALISME CONDITIONNEL

Un homme né français et chrétien doit loyalisme à l’égard d’un gouvernement quel qu’il soit, mais il ne lui doit qu’un loyalisme conditionnel. Aucun gouvernement ne peut exiger plus, il n’en a pas le droit.

En tant que Français, un homme de ce pays doit être loyaliste dans la mesure où le gouvernement sert les intérêts profonds du pays : il ne le doit plus dans la mesure même où celui-ci les compromettrait.

Or, les intérêts nationaux sont à la fois temporels et spirituels : une nation est un corps et une âme. Tout gouvernement, quel qu’il soit, qui, au nom d’une seul de ses intérêts, temporel ou spirituel, négligerait l’autre ne peut prétendre au loyalisme de ses sujets. En particulier, un gouvernement qui, au nom du salut temporel du pays, trahirait son salut spirituel dégagerait du même coup les nationaux de tout loyalisme à son égard.

C’est en ce sens que Péguy s’écriait :

« Nos adversaires d’alors parlaient le langage de la raison d’Etat, du salut temporel du peuple et de la race. Et nous par un mouvement chrétien profond, par une poussée révolutionnaire et ensemble traditionnelle du christianisme nous n’allions pas à moins qu’à nous élever à la passion, au souci du salut éternel de ce peuple. Nous ne voulions pas que la France fût constituée en état de péché mortel. »

En tant que chrétien, un homme ne peut rendre à César que ce qui est dû à César : si le pouvoir établi exige ce qui lui est dû le chrétien le lui doit : mais s’il exige aussi ce qui est dû à Dieu, le chrétien ne peut que lui refuser obéissance. Et, en particulier, tout gouvernement qui ne se conformerait pas à son premier devoir lequel est de respecter par ses actes et dans ses écrits la personne humaine n’a plus droit à aucun loyalisme de la part d’un chrétien.

C’est en ce sens qu’Antigone s’écriait :

« Je ne croyais pas tes édits qui ne viennent que d’un mortel, assez forts pour enfreindre les lois sûres, les lois non écrites des Dieux : ce n’est pas d’aujourd’hui ni d’hier mais toujours quelles vivent et je ne devais, craignant la volonté d’un homme, y manquer ».

Ainsi donc, n’est dû à un pouvoir établi, loyalisme qu’autant que le pouvoir le mérite : le loyalisme rets toujours conditionné par les actes et les écrits du pouvoir et peut toujours lui être refusé lorsque celui-ci ne le mérite pas. Alors le contrat est rompu. Tout pouvoir qui exige plus abuse du pouvoir.

                                                                                                                                                                                                                 R. Berriot

 

Article du 30 octobre 1940.  « Confiance au chef ».

 

 

 

Transcription de l’article original.

CONFIANCE AU CHEF.

Après la rencontre Hitler – Franco et l’entretien Pétain – Hitler, voici l’entretien Hitler – Mussolini.

Ces rencontres sensationnelles sont bien la preuve que nous sommes à la veille des grandes et graves décisions et que nous arrivons à un tournant de des relations franco-allemandes telles que celles-ci étaient établies depuis la conclusion de l’Armistice.

La même absolue discrétion continue à s’imposer en ce qui concerne les questions traitées et les résultats qui ont pu être obtenus.Toutes les suppositions que l’on peut faire à ce sujet risque de conduire à des conclusions dangereusement fausses. Un seul point est acquis, et il est important : le principe de la collaboration a été accepté de part et d’autre.

Il est évident que la collaboration seule peut assurer la paix de l’Europe aussi bien que son développement économique, et ce n’est pas ici, où on a fait écho, au lendemain du Traité de Versailles et plus tard, que l’on élèvera la moindre critique contre ce principe. Le tout est de savoir dans quelles conditions se réalisera cet effort commun.

Nous devons savoir attendre et fermer l’oreille à tous les « bobardiers » de l’intérieur et de l’extérieur : savoir attendre avec patience et surtout avec confiance.

Le maréchal Pétain est seul juge de ce qu’il peut accepter pour la France vaincue, mais qui peut vivre.

Aussi bien nous a-t-il dit très clairement, par avance, avec quel sentiment très élevé et très digne il entrevoyait la possibilité de cette collaboration.

Rappelons-nous ces lignes de son message du 10 octobre :

« Sans doute l’Allemagne peut-elle, au lendemain de sa victoire sue nos armes,choisir entre une paix traditionnelle d’oppression et une paix toute nouvelle de collaboration.A la misère, aux troubles et, sans doute, aux conflits que susciterait une nouvelle paix faite « à la manière du passé »

l’Allemagne peut préférer une paix vivante pour le vainqueur, une paix génératrice de bien-être pour tous.

« Le choix appartient d’abord au vainqueur, il dépend aussi du vaincu.

«  SI TOUTES LES VOIES NOUS SONT FERMEES, NOUS SAURONS ATTENDRE ET SOUFFRIR, SI UN ESPOIR, AU CONTRAIRE, SE LEVE SUR LE MONDE, NOUS SAURONS DOMINEER NOTRE HUMILIATION, NOS DEUILS, NOS RUINES.

« EN PRESENCE D’UN VAINQUEUR QUI AURA SU DOMINER SA VICTOIRE, NOUS SAURONS DOMINER NOTRE DEFAITE. »

« Ces paroles sont toujours d’actualité.

« Dominons donc notre légitime impatience de savoir, de connaître, et sachons faire confiance, pleine et entière, au chef, au Maréchal Pétain.

Article du 31 octobre 1940.« Collaboration économique ».

 

 

Transcription de l’article original.

 

COLLABORATION ECONOMIQUE.

La France et l’Allemagne ont donc posé le principe d’une collaboration économique et vont en étudier les possibilités et les modalités. Il en fut sérieusement question, on s’en souvient peut-être, en mars 1939. Mais la politique d’armement rendit le problème si difficile à résoudre, hélas… que cinq mois plus tard, la rafale brutale s’abattait sur l’Europe.

Cependant, soyons justes : dans presque tous les partis, en France, des voies qualifiées se prononcèrent pour une « équitable répartition des richesses du monde ». Le chancelier Hitler avait dit :  « ou bien ce sera par la force, ou bien ce sera par des procédés dans lesquels le bon sens devra se joindre à l’opportunité .» (Discours du 30 janvier au Reichstag). Dans notre pays, qui préféra toujours les solutions pacifiques aux solutions guerrières, on apprécia cet appel au bon sens.

Il fut déclaré au Sénat le 7 février 1939 que : « la paix ne deviendrait une réalité que dans la mesure où l’Europe retrouverait une organisation économique meilleure que celle qui se révèle aujourd’hui incapable à remédier à la misère des peuples. » La nécessité fut proclamée de « d’ouvrir de nouveaux débouchés au travail des hommes et de créer un nouveau rythme d ‘échanges. » Nombreux dans la presse avaient été ceux qui, comme nous, montraient – en face du communisme, du socialisme, du libéralisme – l’urgence d’une ORIENTATION DE L’ECONOMIE DANS UNE VOIS NEUVE ET VRAIMENT CONSTRUCTIVE, ET CELA PAR UNE LOYALE COLLABORATION DES GRANDS ETATS EUROPEENS.

Oui, le soi-disant « ordre » économique qui , limitant artificiellement la production, condamnait d’innombrables individus et parfois des peuples entiers à la misère, cet ordre là, nous l’avons hautement réprouvé et nous avons réclamé : une recherche toujours plus méthodique des sources nouvelles de production – une exploitation intensive de toutes les ressources du globe – un développement des débouchés actuellement ouverts aux produits alimentaires et manufacturés – des mesures facilitant aux producteurs l’écoulement de leurs produits et assurant l’aisance aux consommateurs.

Cette réforme gigantesque mais nécessaire, cette révolution dans l’Économie universelle ne peut s’accomplir que par une collaboration internationale de peuples forts et résolus, dirigés par des hommes compétents autant qu’enthousiastes. Je dis « compétents » car de difficiles problèmes vont se poser : problème monétaire, problème de main d’œuvre et de salaires, problème social, problème de l’infrastructure politique qui servira de support au monde ainsi rénové. Il nous faudra des apôtres qui soient des savants, des économistes qui soient de véritables hommes d’Etat, des agriculteurs et des industriels qui de grands chefs.

« L’homme du XXème siècle a, jusqu’ici, obstinément traîné avec lui le vieux bagage légué par les générations du XIXème siècle -écrivait un jour Henri Clerc. Pour qu’il s’en débarrasse et puisse franchir l’étape décisive sur la voie du progrès, faudra-t-il qu’une épreuve impitoyable lui soit imposée ?….. »

Les événements ont parlé. Méditons les, puis agissons en coopération avec les peuples qui se montreront ouverts, sincères, compréhensifs. La période pathétique n’est pas terminée, même si le sang doit cesser de couler.. Qu’elle prépare, du moins, une amélioration sensibles des conditions de la vie humaine, et un usage si équitable des richesses naturelles du monde, que la guerre, enfin, devienne in non-sens.

L.-A.- Pagès

A l’issue de cette publication, la Rédaction du journal s’est imposé la publication d’un post-scriptum explicatif. 

 

« P.S. _ Les trois articles de fond que nous venons de publier se rapporte au principe de la collaboration aussi bien dans le cadre national que sur le plan international ; ils sont d’inspiration et d’auteurs différents.

Le premier, parce qu’il était séparé de la conclusion pratique qu’il aurait comporté, a pu surprendre quelques lecteurs, mais ceux-ci auront remarqué que cet article, purement théorique, définissait dans l’abstrait le principe, qui n’est pas nouveau pour ceux que l’on a appelés autrefois les « ralliés » : celui du loyalisme constitutionnel qui s’impose à l’égard de tout pouvoir légitimement établi et qui sauvegarde les intérêts spirituels de ses sujets.

Ils auront trouvé dans les deux autres qui ont paru hier et aujourd’hui le complément du premier et la conclusion pratique, c’est à dire l’adhésion , dans le cadre national, à la politique de redressement suivie par le gouvernement actuel et l’adhésion à la coopération économique sur le plan international. »

N.D.L.D.

Note de l’auteur;

Le premier de ces 3 articles a été publié sur le site bpsgm.fr le 23 octobre 2020 . Il est présenté comme un acte de résistance intellectuelle ayant échappé à la censure (voir thèse de B. Bocquenet, page 64). Sa parution a généré de nombreux commentaires tant locaux que nationaux.

Ceci explique peut-être cela.

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