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Archives mensuelles : avril 2022

Evasion par les Pyrénées. Passeurs et passés vus par la presse collaborationniste. Juillet 1943.

Dans son numéro du 29 juillet 1943, sous le titre « Un drame du passage », le Patriote rend compte d’un procès en correctionnel mettant en cause deux « passeurs » accusés de meurtre et d’escroquerie vis à vis de « passés » cherchant à franchir la frontière espagnole.

 

Les commentaires inclus dans ce compte-rendu renseignent sur la perception de l’activité de passage que la presse collaborationniste entend donner de ces faits  d’évasion.

 

Transcription de l’article paru le 29 juillet 1943 dans le quotidien « Le Patriote des Pyrénées ».

 

TRIBUNAL CORRECTIONNEL

Audience du 28 juillet 1943

UN DRAME DU « PASSAGE »

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C’est une très curieuse et dramatique affaire que le tribunal correctionnel de Pau eut à juger hier bien caractéristique de notre singulière et sinistre époque.

On sait que celle-ci a vu naître et prospérer une industrie nouvelle : celle de « passeur ».

Beaucoup de gens, en effet, par ces temps troublés et pis qu’incertains se trouvent dans la nécessité de franchir clandestinement la frontière. A cet effet, ils recours aux connaissance topographiques de quelque frontalier : c’est le « passeur ». Et comme les « passés » sont généralement, sinon même par définition, gens fortunés – l’émigration n ‘est guère à la portée des petites bourses – le métier de « passeur » qui n’est d’ailleurs pas sans risques est assez rémunérateur.

Pareille fortune échut un jour de l’automne dernier à deux jeunes gens appartenant à d’excellentes familles rurales du Pays Basque, Jean E. et Raymond B., du moins, ils le crurent un instant.

Un trio d’émigrants, un célibataire et un couple, vinrent solliciter leurs bons offices et marché fut conclu, les passeurs devant être payés en bijoux, dont les passés étaient abondamment pourvus.

Après quelques heures de marche pénible dans la neige, le couple se déclara incapable d’aller plus loin. Il fit escale dans une grange, tandis que les trois autres continuaient leur route. Ils marchèrent longtemps encore, puis les passeurs dirent au passé :  « Vous n’avez plus besoin de nous. Vous n’avez qu’à suivre le cours de ce ruisseau, il vous conduira en Espagne, aussi sûrement que le meilleur des guides. » Le passé remit alors aux passeurs des boutons de manchette vraisemblablement d’un grand prix et il s’en fut à travers la neige vers son destin qu’il croyait être la liberté.

E. et B. revinrent tout d’abord au village persuadés d’avoir fait une excellente affaire, mais une première déception les attendait. Un connaisseur leur révéla que la monnaie-matière dont on les avait payés n’avait aucune valeur : c’était du toc. Il restait heureusement le couple qu’on avait laissé dans la grange ; ces deux là payeraient pour trois. Le lendemain, en effet, les passeurs allaient retrouver leurs clients et … passaient sur eux leur colère. Pour obtenir d’être « passés » à leur tour, l’homme et la femme durent payer d’avance au moyen d’une forte quantité de bijoux, cette fois en or véritable. Après quoi les passeurs conduisirent les passés jusqu’au point où ils avaient quitté la veille leur compagnon.

Ils n’étaient pas au bout de leurs peines et déconvenues.

En essayant de négocier les bijoux, E. se faisait arrêter pour infraction aux lois et règlements sur la circulation de l’or.

Quelques jours plus tard, on découvrait en territoire français le cadavre du premier « passé » qui avait fait une chute mortelle dans un ravin.

Ses deux compagnons furent-ils plus heureux ? C’est possible, encore que la forêt qu’ils devaient traverser recèle, parait-il, de nombreux cadavres de toutes nationalités.

L’enquête devait, dans tous les cas, établir que le point où les passeurs avaient abandonné les passés était à plus de 3 heures de marche de la frontière.

Voilà comment et pourquoi E. et B. ont à répondre aujourd’hui de la triple inculpation d’escroquerie, d’homicide par imprudence et de délit douanier.

M.le Substitut Batbie soutient les deux premiers chefs d’accusation.

L’Administration des douanes, qui s’est portée partie civile, réclame par la voix d’un de ses inspecteurs la confiscation des bijoux et une amende égale à leur valeur soit d’après les experts 80.800 francs.

Me Henri Debats, du barreau d’Oloron, dans une forte mais très sobre plaidoirie, s’attache à démontrer que le triple délit reproché à leurs clients est inexistant et il sollicite leur relaxe pure et simple.

Le Tribunal, après délibération, écarte le délit d’homicide par imprudence ; condamne respectivement E. et B. à 2 et 1 mois de prison pour escroquerie ; et fait droit aux conclusions de l’Administration des Douanes.

Bien entendu, il ne faut pas conclure de là que le métier de « passeur » est reconnu et garanti par l’État. La seule morale à tirer de cette histoire est que le passage clandestin de la frontière est aussi périlleux pour les passeurs que pour les passés.

Pour accéder à l’original de l’article: cliquer ici.

L’article du Patriote des Pyrénées a fait l’objet d’une reprise dans le numéro du 11 août 1943 du quotidien Le Journal , replié en zone sud après la défaite de 1940 et qui cesse de paraître en juin 1944.

Le Journal du 11/08/1943

 

Oloron-Sainte-Marie. Décembre 1940: J. Mendiondou, maire, est suspendu par décret ministériel. Réaction dans la presse locale.

Un décret ministériel du 1er décembre 1940 suspend le conseil municipal d’Oloron-Sainte-Marie dans lequel Jean Mendiondou siège comme maire. La presse locale commente cette destitution dès le 6 décembre.   Reproduction du décret de suspension du conseil municipal en date du 1er décembre 1940. Le décret est publié au journal officiel le 3 décembre 1940.… Lire la suite