Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Oloron-Sainte-Marie. Décembre 1940: J. Mendiondou, maire, est suspendu par décret ministériel. Réaction dans la presse locale.

Un décret ministériel du 1er décembre 1940 suspend le conseil municipal d’Oloron-Sainte-Marie dans lequel Jean Mendiondou siège comme maire. La presse locale commente cette destitution dès le 6 décembre.

 

Reproduction du décret de suspension du conseil municipal en date du 1er décembre 1940.

Le décret est publié au journal officiel le 3 décembre 1940.

Le conseil municipal élu est remplacé par une délégation spéciale nommée par le ministre de l’intérieur.

 

Nous, Maréchal de France, Chef de l’État français,

Vu l’article 3 du décret du 29 septembre 1939 ;

Vu le décret du 18 novembre 1939 ;

Sur la proposition du Ministre secrétaire d’État à l’intérieur,

Décrétons :

Art. 1er. – Le conseil municipal de la commune d’Oloron-Sainte-Marie (Basses-Pyrénées) est suspendu jusqu’à cessation des hostilités.

Art. 2ème. – Il est institué dans la commune d’Oloron-Sainte-Marie une délégation spéciale habilitée à prendre les mêmes décisions que le conseil municipal et ainsi composée :

                                Président.

M. Dabadie

                              Membres.

MM. De Charnisay, Legrand, Lannereton.

Art. 3ème. – Le Ministre secrétaire d’État à l’intérieur est chargé de l’exécution du présent décret.

Fait à Vichy, le 1er décembre 1940.

PH. PETAIN

Par le Maréchal de France, chef de l’État français :

Le Ministre secrétaire d’État à l’intérieur

MARCEL PEYROUTON

Reproduction de l’article paru dans « le Patriote des Pyrénées » en date du 6 décembre 1940 .

Sous le titre « La municipalité Mendiondou N°2 est dissoute », le Patriote des Pyrénées publie le 6 décembre 1940 un article – éditorial commentant la dissolution du conseil municipal et l’éviction de Jean Mendiondou, le maire issu des élections.

 

 

Il n’y a guère que M. Mendiondou et quelques attardés qui croyaient qu’ils survivraient à la révolution nationale. Les autres attendaient avec confiance la mesure de salubrité qui vient d’être prise.

M. Mendiondou revient en 1935 pour prendre la tête d’une liste municipale voulant apporter à la ville de « l’ordre dans le travail et la clarté ». Elle fut élue sur un programme uniquement municipal, avec huit de ses adversaires, et Oloron eut des édiles qui, en collaboration, auraient pu faire de très belles choses. Les premiers mois furent en effet féconds.

Mais bientôt, M. Mendiondou ambitionna la députation. C’est qui apporta au Conseil l’affreuse politique avec tous ses reniements.

Sachant, en effet, qu’une majorité modérée le soutenait à la Mairie, il cacha savamment son jeu, se déclarant résolument pour une politique nationale, alors que, dans l’ombre, il passait un pacte avec les tenants du Front Populaire. Il était validé, en effet, par la Chambre néfaste de 1936, par 2 voix de majorité.

Dès lors, son aveuglement ne connu plus de bornes ; il vota la confiance à Blum. Cette ne pouvait manquer d’avoir une répercussion sur le Conseil municipal. Il prenait prétexte d’un échec retentissant au Conseil général pour tirer sur ses propres troupes, ce qui amenait uns scission, une lutte intestine, qui se terminait, en 1938, par une démission collective de 23 édiles.

Le « front popu » étant à son apogée, M. Mendiondou était réélu avec la responsabilité d’avoir, le premier, introduit à l’Hôtel de Ville une coalition socialo-communiste.

Sa gestion municipale souffrit évidemment de ces sautes politiques. On n’a pas oublié comment l’entrepreneur de l’abattoir fût indûment exonéré des droits d’octroi, les fausses délibérations pour justifier des frais d’études ou des subventions à un congrès, les grévistes acceptés par la caisse de chômage. Si beaucoup de conseillers partisans approuvèrent cette façon de faire, il y en eut de courageux qui, aujourd’hui, ont bien le droit de se réjouir et d’être lavés des injures et des menaces.

Dans l’ensemble, la gestion de M. Mendiondou est assez négative. S’il a passé de nombreuse heures à son bureau, il n’a rien réalisé de grand et de durable. Il s’était vanté de faire mieux en six ans que ses prédécesseurs en quarante. Or , en mains la brochure qu’il avait eu l’outrecuidance de publier, il n’a réalisé ni les écoles, ni la caserne de gardes mobiles, ni les bains-douches votés trois fois, ni le fronton dont les fonds ont été légués par M. Barthou, ni l’adduction d’eau dans les vallées, ni même l’élargissement et la mise en état des chemins de Ste-Croix. La promenade Bellevue, effondrée depuis trois ans, n’a été touchée ; les immeubles communaux sont aussi délabrés.

Seuls, à son actif, l’abattoir avec la démolition de la gare des trams et du poids public.

M.Mendiondou n’est plus. Il n’est que député provisoire.

Député étrange, en vérité, qui, depuis deux ans, preuves en mains, n’a pas mis les pieds aux commissions parlementaires dont il faisait partie.

Si M. Mendiondou avait confiance en Blum, il ne l’avait pas au maréchal Pétain. N’ayant rien compris à la défaite, il continua, en juillet dernier, à faire du trapèze : Votant « pour » la révision de la Constitution à la Chambre, il votait « contre «  à l’Assemblée Nationale.

Il était juste et équitable que que le chef de l’État se débarrassât d’un collaborateur trop élastique, comme il était normal qu’un politicien-né comme M. Mendiondou sombrât avec le régime qu’il soutenait. Ses conseillers qui n’avaient eu aucune réactions sombrent avec lui.

Oloron va connaître une nouvelle vie.

V. MAYSONNAVE

Pour accéder au J.O. du 3 décembre 1940: cliquer ici.

Pour accéder au Patriote du 6 décembre 1940: cliquer ici.

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