Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Saint-Castin. Assassinat de Marcel Courrège par les Allemands. 17 juin 1944. Rapport de gendarmerie.

vue

Procès verbal dressé par les gendarmes de la brigade de Morlaas après l’exécution de Marcel Courrège par des soldats allemands.

Marcel Corrège était en situation de réfractaire au S.T.O.

Voir page 155 in  Poullenot (Louis). Basses-Pyrénées. Occupation. Libération. 1940-1945. J & D Editions. Biarritz. 1995. 366 p.

 

 

 

 

17 juin 1944                                                                                Brigade de Morlaas

 Assassinat de Marcel Courrège par les Allemands à Saint-Castin.

 

Le 17 juin 1944 nous Lallement Gustave, adjudant et Baudrillard André de la brigade de Morlaas avons appris par la rumeur publique qu’un homme de la commune de Saint-Castin avait été tué par les troupes d’opérations. Nous nous sommes rendus sur les lieux et avons recueilli ce qui suit :

Mlle. Betbeder Amana, 59 ans, cultivatrice demeurant à Saint-Castin :

« J’habite la ferme de mon neveu Sansous depuis le décès de ses parents, il y a un an environ.

Mercredi 14 juin 1944 vers 9h et demie, alors que je me trouvais à la messe, des soldats allemands ont effectué une perquisition dans notre ferme. Ils ont tué le nommé Marcel Courrège, notre domestique, qui tentait de s’échapper. Ils ont aussi incendié 2 automobiles. J’ignore pour quelle raison ils ont agi ainsi. Ils ont arrêtés et emmené 2 autres domestiques qui d’ailleurs ont été libérés le soir même.

Le lendemain 15 courant une voiture montée par des officiers allemands est descendue à la ferme et les occupants ont arrêté et emmené mon neveu Sansous Pierre. Avec lui ils ont emmené également M. Guiraud maire de Saint-Castin et M. Jungas Pierre, de Saint-Castin également. J’ignore pour quel motif. »

Guillamou Jean Baptiste, 67 ans, domestique agricole à Saint-Castin, ferme Capitaine, déclare :

« Mercredi 14 juin 1944, vers 9h30, j’étais occupé dans les champs autour de la ferme lorsque j’ai entendu 4 ou 5 coups de fusil. Je suis monté directement à la ferme où j’ai été interpellé par des soldats allemands. J’ai vu que d’autres perquisitionnaient dans la maison et ses dépendances. Tout à coup, j’ai aperçu le domestique Courrège qui s’échappait à travers champs. A ce moment là une vive fusillade a été engagée sur le fuyard qui a été mortellement atteint et qui est tombé à 4 ou 500m plus loin dans un champ de blé. Il a été rejoint par plusieurs Allemands et à ce moment là j’ai encore entendu des coups de feu tirés par ces derniers. Ils l’ont ramené sur le bord du chemin où ils l’ont abandonné. Après leur départ, je suis allé visiter et j’ai constaté que le défunt avait une partie du visage arraché et qu’il avait un trou de la grosseur de la main à une épaule.

Le Dr Depierres de Morlaas est venu faire les constatations d’usage quelques heures après.

Mon patron, M. Sansous, n’était pas présent au moment des faits.

Le cadavre de Courrège a été transporté à Pau par les soins de sa femme. »

Bonnassiole Jean, âgé de 40 ans, cultivateur :

« Je suis voisin direct de la ferme Capitaine dont le propriétaire actuel est M. Sansous.

Mercredi 14 juin 1944 entre 9 et 10 heures, j’étais occupé à travailler dans mon champ de maïs lorsque j’ai entendu une vive fusillade qui provenait de la direction de la ferme susnommée. En même temps, j’ai vu un civil courir à travers champs poursuivi par 15 ou 20 soldats allemands. Le civil est tombé après une course de 100 à 150 m et s’est relevé sur le coup, il a poursuivi sa course sur un parcours de 250 à 300m à travers un champ de blé pendant que ses poursuivants continuaient à tirer sur lui. Finalement il s’est affalé cerné par ses poursuivants. A ce moment là, j’ai entendu ces derniers tirer 2 coups de feu à l’endroit où il était tombé.

Je me trouvais à 250m environ et en pleine vue du lieu du drame. J’ai vu les soldats allemands remonter sur le chemin de Montardon à Saint-Castin et s’éloigner.

Averti par J.B. Guillamou, je suis allé voir le cadavre à l’endroit où l’avaient abandonné les soldats allemands et je l’ai reconnu pour être le nommé Marcel dit « André » domestique à la ferme « Capitaine ». J’ai fait prévenir M. Bayle maire de la commune qui s’est rendu sur les lieux.

Bayle Paul, 55 ans, maire de Saint-Castin, déclare :

« J’ai constaté en effet qu’un cadavre était étendu sur le bord du chemin allant de Montardon à Saint-Castin à environ 300m de la ferme Capitaine. Ce cadavre m’a été présenté comme étant le corps de M. Courrège Marcel, dit André, domestique chez M. Sansous. Le corps de cet homme a été enlevé par les soins de sa femme le 15 juin dans l’après-midi ».

Despierres, médecin à Morlaas, déclare :

« Le 14 juin 1944, vers 19 heures, mandé par le maire de Saint-Castin, je me suis rendu dans cette commune afin de constater la mort d’un homme trouvé sur une route, dans un fossé et lequel m’a été désigné comme ayant été tué par les troupes d’opérations. J’ai constaté sur le cadavre des blessures par armes à feu, spécialement au visage et au thorax. J’ai conseillé d’enterrer le cadavre le plus tôt possible en raison de la salubrité publique ».

Constatations :

  • 1 voiture de tourisme marque Ford immatriculée sous le n° 1253NM2 marchant au gazogène, se trouvant dans un garage de la ferme Sansous, est complètement incendiée. Il ne reste que les parties de la carcasse métallique.

Le garage est construit en ciment avec 2 portes en bois. Ces dernières ont été détruites par l’incendie.

  • Une camionnette Vivastella marque Renault à ridelle, immatriculée sous le n° 4057NM3, marchant au gazogène, se trouvant dans une grange de la ferme Sansous est incendiée ; il ne reste plus que la partie arrière du plateau.     
  •                                                                                                                                              
  •   Sansous, propriétaire, incarcéré à Pau par les troupes allemandes n’a pu être entendu.

Mme. Chiappe Jacqueline, épouse du défunt, habite Pau, 81 bd. D’Alsace.

Etat civil de la victime : Courrège, Marcel, Emile, Lucien, âgé de 24 ans, domestique agricole, né le 24 novembre 1919 à Forêts-les-Bruxelles (Brabant, Belgique) fils d’Auguste et de Pariaculier Lucie, marié sans enfant, de nationalité française.

Source: archives de l’association.

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