Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Le réseau belge Zéro et la filière de la scierie de Mendive. Texte communiqué par Meg Ostrum auteure de « Le chirurgien et le berger »

Meg Ostrum qui a étudié en détail le fonctionnement de la filière de la scierie de Mendive, aboutissement du réseau belge « Zéro », complète les informations publiées récemment sur le fonctionnement de ce réseau dans les Basses-Pyrénées.

 

 

 

C’est au cours d’une randonnée dans les Pyrénées que Meg Ostrum, conservatrice de musée dans le Vermont (USA), a découvert cette incroyable histoire de résistance basco-belge, qu’elle a mis dix ans à reconstituer en se servant essentiellement de témoignages oraux des protagonistes, notamment celui de Charles Schepens. Charles Schepens, un jeune ophtalmologiste belge, est, sous le nom de Jacques Pérot, devenu un agent-double en relation étroite avec la Résistance belge. Le tandem qu’il forma avec le berger et contrebandier basque Jean Sarochar, se révélera d’une prodigieuse efficacité et d’une telle discrétion que l’histoire aurait pu les oublier. Se faisant passer pour un collaborateur, il mystifia les Allemands aussi bien que la population basque locale. Ce n’est qu’après sa fuite en Angleterre que  l’opération secrète de la scierie de Mendive qui a permis d’évacuer des centaines de résistants à travers les Pyrénées fut comprise.

Meg Ostrum a retracé cette épisode dans un livre intitulé « Le chirurgien et le berger ».

 

Référence bibliographique:

  • Meg OSTRUM. Le chirurgien et le berger. Deux héros de la Résistance au Pays Basque. Aubéron, Mayenne, 2011

 

 

 

Nos plus sincères remerciements vont à Meg Ostrum qui a bien voulu nous communiquer le texte reproduit ci-dessous.

Le réseau Zéro a débuté à Bruxelles en juillet 1940 comme un réseau de renseignements. Il devenait progressivement une opération de résistance avec plusieurs missions (presse clandestine, service d’informations, sabotage, évasions), et avait des antennes dans la zone occupée et la zone non-occupée de France.  Zéro travaillait en coordination avec SOE et le gouvernement belge Londres. 

Une cellule ultra-secrète dans les Basses-Pyrénées fonctionne de juin 1942 au 21 juillet 1943 sous l’autorité du Dr Charles Schepens, alias Jacques Pérot.  Schepens travaillait en association avec les agents de PCB (Poste de Commandement Belge) —William Ugeux, Anselme Vernieuwe, et Charley de Hepcee— qui opérait depuis Grenoble. (Ugeux, deuxième directeur de Zéro, est devenu le chef de file de ce service de coordination reliant les activités des filières belges au nord aux celles du sud).

Charles Schepens, jeune médecin ophtalmologiste belge, en ligue avec Cyrille Pomerantzeff, un courtier Russe à Paris, achètent une scierie partiellement abandonnée, sur le territoire communal de Mendive. La caractéristique de cette scierie est qu’elle récupère les hêtres de la forêt d’Iraty, située sur un haut plateau au milieu de la montagne entre Mendive et la frontière espagnole. Les grumes sont chargées sur des câbles descendant de la montagne entraîneraient par contrepoids les bennes (avec les sacs de provisions et d’outils pour les ouvriers au plateau) pour les remontant vers le plateau.  Plus de 350 personnes travaillaient comme bûcherons, câblistes ou ouvriers scieurs, et Schepens leur donnait—au su des allemands–une carte d’identité interne à la Compagnie pour assurer leur libre circulation à la montagne.

Schepens profite des circonstances exceptionnelles de cette grande exploitation forestière pour le fonctionnement de son travail clandestin.  Les bennes montantes transportent les colis déposés par les agents (microfilms, documents secrets, journaux clandestins) jusqu’au plateau, où ils sont acheminés par un des bucherons espagnols à travers la frontière.  Le coffre-fort de l’usine sert comme un banc pour les fonds destinés aux agents en passage.  Schepens a pris des dispositions pour que Jean Sarochar, un berger basque excentrique mais totalement fiable, rencontre les fugitifs évacués par la ligne d’évasion Zéro/PCB et les guide en Espagne. L’entreprise est également un « underground railroad » pour les réfractaires au STO cherchant à s’échapper : Schepens facilite leur passage en les affectant à la zone de travail en montagne où ils peuvent faire appel aux services d’un berger ou d’un contrebandier pour les emmener au-delà de la frontière.

Fin de printemps 1943 l’antenne grenobloise est dénoncée par un PCB coursier arrêté au retour d’une livraison de fonds. Le 21 juillet 1943 Schepens et Pomerantzeff* parviennent à s’échapper avec l’aide de Jean Sarochar et Juan Compains (le chef bucheron).  

Il faut noter que les Allemands comme la population locale ont toujours pensé que Schepens était un collabo.

Environ 100 personnes– militaires belges ou anglais, résistants brûlés, ex-prisonniers de guerre et jeunes français–ont pu ainsi passer en Espagne en quatorze mois.  Ce n’est qu’après la fuite de Schepens en Angleterre que les services de renseignement britanniques, à Londres, prirent la mesure de l’importance de l’opération secrète de la scierie de Mendive.

 *Apres la fuite de Schepens et Pomerantzeff, bien que le lien avec Zéro/PCB ait été rompu, Pelfort, l’adjoint de Schepens, a continué d’expédier l’évasion des réfractaires au STO jusqu’à son arrêt en juin 1944.

Principaux agents

– Juan COMPAINS, bucheron

– Marius PELFORT, ingénieur, mort en déportation

–Cyrille POMERANTZEFF, courtier

– Jean SAROCHAR, berger

– Charles SCHEPENS, médecin

–William UGEUX, avocat/jounaliste

–Anselme VERNIEUWE, aviateur

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