En conséquence de la rencontre, le 12 juin 1944, entre les dirigeants du CDL et ceux de la Milice, Ambroise Bordelongue expose dans une lettre adressée à Honoré Baradat les modifications à intervenir dans la composition du Comité Départemental de Libération.

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Lettre de Michel (A. Bordelongue) à Achille (H. Baradat).

Objet : Conséquences de l’entrevue du chef du C.D.L. avec le chef départemental de la milice.

7/7/44

Mon cher ami,

On veut nous démontrer que par suite de notre contact avec le chef départemental de la milice notre sécurité est compromise. C’était le sentiment du FN local et du PC qui ont relevé Aussac et Bonac de leurs fonctions de délégués au CDL.

C’est aussi le sentiment du Commissaire à la République puisque aussi bien tous les camarades ayant souscrit à cette entrevue sont relevés des mêmes fonctions, et que moi-même je suis destitué de mon titre de Président du CDL pour le reprendre ensuite le jour J dès que les nécessités de la clandestinité ne l’interdiront plus.

C’est une galéjade à laquelle je voulais répondre tout d’abord en résiliant aussi mes fonctions de chef MLN. Mais à la réflexion j’estime qu’à cette manœuvre semi politico résistante, il faut répondre par la manœuvre qui m’est tracée tout au long dans la note du Directeur régional.

Ainsi donc, je te désigne – puisque ce droit m’est réservé de concert avec Gavadour – pour me remplacer momentanément à la présidence du noyau actif du CDL qui comprendra selon les instructions un délégué FN – un délégué PC – un délégué CGT – un délégué PS – ces deux derniers seront désignés par note après entente avec Noël et Jean Jacques.

Tu informeras Gavadour de ma décision et tu lui demanderas son accord.

Par ailleurs, le représentant de Verdun chef régional FFI vous expliquera à la réunion d’aujourd’hui les nouvelles bases de constitution des FFI dans le département.

Gavadour à son tour est chargé de destituer Raména de son commandement militaire.

C’est brutal et c’est mal récompensé le travail et les efforts fournis par notre ami. Aussi devrait-on trouver une solution qui tout en respectant la décision supérieure conserve à Raména certaines prérogatives. C’est dans cet esprit que moi-même pressentant cette décision après les affaires de Rébénacq et dissentiments avec Bernard et Armand, je l’avais convoqué et lui avait fait admettre le capitaine D ou Georges ami de Guy comme chef état major commandant des opérations militaires.

Avec Gavadour, voyez objectivement si le capitaine D peut faire l’affaire et s’il accepterait ces fonctions en raison des nouvelles dispositions militaires.

Dans le cas contraire, vous devez contacter le commandant Ferran par intermédiaire de Auguste.

Arrangez cela au mieux, tout en réservant à Raména la partie administrative et insurrectionnelle – surtout pour laquelle son concours m’est indispensable puisque c’est lui seul qui l’a préparée.

Remplacez moi donc à cette réunion , toi et Gavadour, car je suis immobilisé aujourd’hui avec mon genou en compote. Tu m’excuseras auprès de Maxime et des Tarbais.

Très amicalement

Michel

Tu diras à Raména que nous voilà tous les deux sur le même pied.

Source: Fonds Baradat, archives de l’association.