Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Polémique entre la Mairie de Pau et la Milice. Mars 1943.

Une polémique éclate entre la Mairie de Pau et la Milice en mars 1943 suite à un refus de la Milice d’apporter son aide à la mairie pour la mise en place des moyens en hommes nécessaires à la première nuit de garde des voies ferrées par des civils requis d’office.

 

 

 

Le 9 mars 1943, la mairie de Pau, prise de court par une annonce tardive de la réquisition, fait appel à la Milice pour assurer, avec ses hommes, la garde des voies ferrées imposées par les autorités.Ce refus crée une polémique entre les deux institutions. Par lettre du 18 mars 1943, le maire de Pau informe le Préfet des Basses-Pyrénées des faits.

 

Reproduction de la lettre du maire, M. Verdenal, au Préfet des Basses-Pyrénées.

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VILLE DE PAU                                                                                                                                                                          PAU, le 16 mars 1943

Cabinet du Maire

Monsieur le Préfet,

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance les faits suivants:

Le mardi 9 mars j’ai reçu l’ordre de mettre à la disposition des services des gardes voies et communications, vingt hommes qui seraient chargés d’assurer, durant la nuit, la garde de la voie ferrée de la S.N.C.F. Dans la traversée de la ville de PAU. Cet ordre me parvenant à 17h30 environ et les hommes de garde devant se présenter à 19 heures à la gare, il était très difficile d’y satisfaire. J’ai pensé que la Légion Française des Combattants pourrait facilement toucher des Légionnaires susceptibles d’être volontaires pour assurer la garde la première nuit, laissant ainsi à la Municipalité la possibilité de s’organiser pour le lendemain.

Le Secrétaire Général de la Légion m’ayant fait remarquer que le service que je lui demandais ressortissait plutôt de la Milice, je me suis adressé à celle-ci.

Le correspondant que j’ai eu au téléphone m’a déclaré ce qui était fort légitime, qu’il devait consulter le chef départemental.

Quelques minutes après, j’avais une réponse négative dans laquelle il était indiqué que la Milice ne devait pas subir une obligation qui avait un caractère de sanction contre la population des Basses-Pyrénées. J’ai cru devoir faire remarquer à mon interlocuteur que la garde des voies ferrées était, non une sanction, puisque à ma connaissance, tout au moins, aucun incident ne s’était produit dans le fonctionnement des chemins de fer du département, mais une mesure préventive – mesure d’ordre à laquelle la Milice pouvait s’associer sans sortir de son rôle.

L’ajoutais qu’il était extrêmement difficile pour moi de satisfaire à un ordre qui devait être exécuter dans un aussi bref délai; que j’avais espéré trouver dans la Milice une collaboration qui, pour le premier jour, pouvait éviter à la ville de PAU, de graves difficultés. Je ma heurtai à un refus formel.

Comme le temps passait, je ne sollicitai pas d’autre concours et j’ai désigné pour monter la première garde, des fonctionnaires et des employés municipaux. Ces braves gens ont été pris à l’improviste, mais ils ont fait leur devoir de bon cœur bien qu’il y ait parmi eux des pères de famille et des gens assez âgés.

Je n’avais pas cru nécessaire de vous informer de ces faits, mais il me revient de divers côtés que la Milice y attacherait une certaine importance.

Par ailleurs, bien que je n’ai rien dit de la chose, le refus de la Milice a été connu. Il a provoqué certain étonnement car la Milice devant veiller au maintien de l’ordre public doit aider, pense-t-on, ceux qui, investis de fonctions publiques, ont la responsabilité de l’ordre et collaborer avec eux.

Personnellement, j’ai été déçu de la fin de non recevoir à laquelle je me suis heurté, car n’exerçant mes fonctions que pour «servir» j’avais cru pouvoir m’adresser à des camarades soucieux aussi de servir, pour leur demander de ma tirer d’embarras dans un moment et une circonstance peu commodes. Je voulais éviter d’avoir à requérir dans la rue les vingt palois rencontrés – procédé brutal qui aurait causé une vive émotion et un trouble qu’il est préférable d’éviter – alors que je n’étais pas certain de pouvoir trouver à la Mairie le nombre ‘hommes demandé, étant donné l’heure tardive et la dispersion du personnel, notamment celui de la voirie. J’aurais été heureux de trouver à la Milice, qui n’aurait du retenir de ma demande que la marque de confiance que j’avais en elle, le même concours cordial que j’ai toujours réservé à la Légion et à la Milice elle-même lorsqu’elles ont eu recours à moi, et je souhaite qu’à l’avenir une collaboration animée d’un esprit d’union puisse s’établir entre nous.

Je m’excuse d’abuser de votre bienveillance en vous informant de ces faits, mais je vous serais reconnaissant, puisque vos hautes fonctions vous permettent d’en tirer un enseignement, de bien vouloir engager la Milice à faire preuve de cet esprit de compréhension qui lui permettra, en venant en aide à ceux dont les buts ne sont pas différents des siens, de réaliser pleinement sa mission.

Veuillez agréer, je vous prie, Monsieur le Préfet, l’assurance de mes sentiments de très respectueux dévouement.

                                                                                                                                                                                     Signé : P. VERDENAL

Source: AD64  1031W166

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En date du 13 mars 1943, Le Patriote des Pyrénées annonce en première page la décision de requérir des civils pour assurer la garde de la voie ferrée.

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