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Mgr Edmond Vansteenberghe, évêque de Bayonne (1939-1943). Opposition à la persécution anti-juif.

portraitArticle publié par Monseigneur Edmond Vansteenberghe le 10 septembre 1942 dans le bulletin diocésain sous le titre « FRATERNITE ».

 

 

 

Dans cet article, Mgr Vansteenberghe s’élève contre la persécution des juifs suivant en cela l’exemple de Mgr Saliège évêque de Toulouse.

Suite à cette publication, le bulletin diocésain est interdit par l’occupant allemand qui lui reproche une prise de position trop antiallemande pouvant inciter à la désobéissance.

 

Contribution de M. Ricardo SAEZ, professeur émérite des universités.

 

Fraternité

 

 

            Les temps que nous vivons sont propices à tous les héroïsmes et à tous  les exploits, mais aussi à tous les excès et à toutes les injustices. Sous prétexte d’ordre nouveau et de révolution, les pires entreprises de la haine et de la passion sont admises, justifiées, exaltées.

Contre ces débordements, il appartient aux hommes de cœur d’opposer les justes principes de la fraternité humaine et chrétienne. Ces principes, les voici :

–  La personne humaine est inviolable et sacrée.

–  Elle a été crée par Dieu, comme toutes les créatures mais par un privilège inouï, le Créateur a déposé sur son visage une empreinte exceptionnelle de ses mains divines, en la faisant à son image et à sa ressemblance.

–  Immortelle, elle est, de plus, appelée dès cette terre à une vie surnaturelle qui s’épanouira au ciel en gloire et en béatitude.

Cette immortalité et cette vocation sont universelles : aucun homme d’aucune race ni d’aucune religion n’échappent à cette disposition de la bonté divine.

            Le péché lui-même n’a pu compromettre l’avenir d’une si prodigieuse libéralité. L’Incarnation et la Rédemption sont le signe éclatant de l’obstination de Dieu en même temps que de sa bonté pour que pas un homme n’échappe fatalement à la  destinée qu’il lui a fixée, le Fils de Dieu s’est fait homme, et en Lui l’humanité entière a été régénérée.

En Lui s’est affermie pour toujours la fraternité humaine. Admirable réalité, dont une idéologie sentimentale et sectaire a voulu faire un thème pour la propagande électorale, mais qui résistera à toutes les tentatives d’accaparement, parce que ses racines plongent dans le sang de Dieu, et non dans la boue de 1789.

Pourquoi faut-il que témoins d’une si lamentable prostitution certains catholiques éprouvent quelque pudeur à admettre parmi leurs idées directrices l’un des principes fondamentaux de la religion chrétienne ?

Il importe assurément de garder intact et pur de tout alliage le dépôt de la Révélation : n’ont-ils pas pour cela leur prudence personnelle et surtout ce bon sens souverain qui s’incarne dans l’Eglise ? Qu’ont-ils donc besoin de revêtir nous ne savons quelle armure de fer pour défendre les droits de la cité menacée ?

Si la cité est menacée, elle ne peut l’être par une idée chrétienne.

En revanche elle ne peut être sauvée par une idée antichrétienne : aucune incursion sommaire et tendancieuse à travers l’Histoire ne réussira à étayer une thèse qui pèche gravement par la base. Qu’un Etat ait le droit de se défendre contre des ennemis du dedans et du dehors, jamais l’Eglise ne le contestera. Qu’il faille même, en certaines périodes critiques, recourir à des moyens énergiques, tout le monde en conviendra. Mais l’injustice, même alors, demeure l’injustice, d’où qu’elle vienne et quelles qu’en soient les victimes.

Ce rappel de principes élémentaires n’est pas inutile ; en réclamant pour toutes les personnes humaines le respect d’un droit inscrit dans la nature, l’Eglise ne rend pas seulement services aux individus, mais aux nations, dont la prospérité ne saurait se fonder sur l’injustice.

 

Pour accéder, sur notre site, à l’article général consacré à Mgr Vansteenbergh: cliquer ici.

 

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