Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Le réseau Comète. Vu par France Soir du 15 août 1945.

Un envoyé spécial du journal France Soir trace une évocation fantasmée du réseau Comète dans le numéro du 15 août 1945.

 

 

 

 

 

 

 

Transcription de l’article paru en page une de France Soir, numéro daté du 15 août 1945.

 

Chapô de l’article.

 

 

De notre envoyé spécial Jean Maurice.

Ostende 14 août. Infirmière à Ostende, la brune Michou a les sourcils trop épais et la bouche un peu trop grande. Ces petits défauts ne l’ont pas empêchée d’avoir, à 24 ans, neuf cent seize amoureux… Neuf cent seize jeunes hommes qu’elle a, de Bruxelles à Paris et de Paris à Saint-Jean-de-Luz embrassés quelques milliers de fois sur la bouche et appelés « mon chéri » uniquement d’ailleurs dans le train de Bayonne.

 

Les amoureux de Michou se répartissent ainsi : 450 Anglais, 450 Américains, 10 Belges, 4 Polonais, 2 Russes. Tous étaient descendus en parachute d’avions alliés en perdition. Tous n’avaient qu’un but : regagner l’Angleterre ou l’Amérique pour reprendre leur place dans les escadrilles. Le « chemin de la comète », organisation secrète, se chargeait de leur voyage, et Michou, après avoir été agent de l’organisation, avait fini par en devenir le chef.

 

 

Ils ne connaissaient pas « la vallée heureuse ».

Elle était entrée dans le réseau après l’arrestation de sa sœur Andrée , 19 ans, et de son père, ouvrier d’usine. Elle se chargea d’abord de recueillir les aviateurs tombés en Hollande et en Belgique : c’est ainsi qu’elle tira le capitaine Edward Wallington d’une meule de paille où il s’était caché et d’où il n’osait pas sortir. Mais un jour elle fut « grillée » à Bruxelles et partit pour le nord de la France.

Une fois on lui signala un aviateur tombé. Elle y va, voit un homme en uniforme de la RAF mais lui trouve un air suspect :

  • Savez-vous où est la vallée heureuse ? lui dit-elle.

L’homme reste coi, il ne sait pas que la vallée heureuse, pour les pilotes anglais, c’est la Ruhr. C’est un agent de la Gestapo… Michou se hâte de disparaitre, traverse la Somme à la nage et va se cacher à Paris.

 

C’est ainsi que, d’étape en étape, elle fit les 1600 kilomètres du « chemin de la comète » pour au pied des Pyrénées, au relais le plus rude et le plus dangereux bien qu’il n’ait que 13 kilomètres de long.

 

 

 

Par un sentier caché sous l’eau.

Pour ce difficile parcours Michou a réussi à recruter un remarquable passeur, le contrebandier Florentino. Pour 20 livres par passage, le vieux montagnard a accepté de guider des aviateurs dans le sentier secret où, naguère, il transportait des parfums, des liqueurs et du tabac. Dans sa ferme au pied de la montagne, on buvait un bol de lait, on chaussait des espadrilles et, à 23 heures, heure où se couchaient les derniers Allemands qui n’étaient pas de service, l’escalade commençait :

  • Il ne faut pas que les pierres roulent, recommandait Florentino.

Au bord de la Bidassoa, on attendait le chant des premiers oiseaux, puis on entrait dans l’eau à un endroit mystérieux : là, un ancêtre du contrebandier avait construit dans la rivière un chemin de pierres recouvert par l’eau. C’est ainsi que Michou est entrée sept fois en Espagne.

Des milliers d’aviateurs alliés ont été sauvés par le «chemin de la comète ». Michou, elle, a trouvé son 917ème amoureux pour lui demander sa main. Elle n’a pas changé de « spécialité » car son fiancé, un Belge, est lieutenant parachutiste.  

Pour accéder à la une de France Soir du 15 août 1945: cliquer ici

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