Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

LAULHE Benoit. Résistances C.F.P. 55: BREF HISTORIQUE DU CORPS FRANC POMMIÈS.

BREF HISTORIQUE DU  CORPS FRANC POMMIÈS DANS LES BASSES-PYRÉNÉES.

 

Benoit LAULHE – La Résistance dans les Basses-Pyrénées – Master U.P.P.A. – 2001 –

Fiche n°55.

 

 

 

BREF HISTORIQUE DU  CORPS FRANC POMMIÈS DANS LES BASSES-PYRÉNÉES.

           Unité crée après l’invasion de la zone non occupée et la dissolution de l’armée  d’armistice, le Corps franc Pommiès représente dans le Sud-Ouest de la France l’un des plus illustres symboles de résistance et l’une des forces les plus complètes et les plus structurées de notre région.

          Présent et actif dans de nombreux départements, ce mouvement exerce dans les Basses-Pyrénées durant tout le conflit une importante activité, principalement armée et souvent paramilitaire, d’opposition à l‘occupant nazi.

           Ainsi, dans tous les combats, des plus douloureux et risqués de la période noire de l’occupation, aux plus prestigieux de la Libération, le C.F.P. laisse dans l’histoire de l’armée de l’ombre une Image de courage et de sacrifice, digne des plus grandes unités de la Résistance française.

           Après la défaite et l’armistice de juin 1940, la France maintient en activité et en zone non occupée une armée de cent mille hommes connue sous le nom d’Armée d’armistice. Composée principalement d’officiers de carrière et de soldats non démobilisés, elle dispose d’un faible matériel et ne connaît qu’une existence très brève, puisqu’elle disparaît avec l’invasion de la zone sud par les soldats de la Wehrmacht en novembre 1942.

           Durant cette éphémère existence, quelques officiers refusent la défaite et l’occupation et organisent, en préparant notamment des opérations de camouflage de matériel et de mobilisation d’hommes, une opposition secrète de cette force « fantôme » qui se transforme rapidement en résistance.

           Parmi ces cadres rebelles, se démarque un certain capitaine Pommiès. Officier de carrière originaire de Bordeaux, il fait la campagne de France en mai 1940 et est affecté en juin au 18° régiment d’infanterie de Pau. En contact avec d’autres gradés impliqués dans cet embryon de résistance, il participe à la constitution de futures unités de combat et au regroupement d’armes dans les Basses-Pyrénées et dans les départements limitrophes.

            Après la dissolution de l’armée d’armistice en novembre 1942, l’Organisation de la Résistance de l’Armée (O.R.A.), également connue sous le nom d’Armée nouvelle, est constituée au niveau national. Sous les ordres du général Giraud et du commandement d’Alger, elle s’efforce dans un premier temps de passer un maximum de volontaires en Afrique du Nord, via l’Espagne, afin d’augmenter les effectifs des Forces Françaises Libres (F.F.I.)  prêtes à reprendre le combat.

           Cependant, en parallèle à cette activité, cette structure crée en métropole des unités actives et militarisées de résistants regroupés en maquis et en corps francs. L’une d’entre elles, fondée le 17 novembre 1942, prend le nom du capitaine Pommiès, fondateur du mouvement.

           Rassemblant une partie de ses anciens hommes, ainsi que quelques soldats contactés lors de la mobilisation secrète, cet officier structure rapidement ses troupes comme une véritable armée : la discipline, la hiérarchie et l’engagement restent les fondements de son organisation. Basé à Toulouse, son poste de commandement contrôle des forces croissantes dispersées dans tout le Sud-Ouest de la France (plus de dix départements sont concernés) et rassemblées en groupements en 1943. Composés d’unités spécialisées dans la destruction, dans le renseignement et dans le « harcèlement terroriste », ces derniers sont au nombre de sept, ce qui représente un total de plus de huit milles hommes dont cinq milles en sections organisées.

           Les unités de notre département, assemblées en bataillon, font parties du groupement Sud-Ouest sous les ordres du commandant Bénony, et ont pour chef le commandant de Carrère, qui dispose à la veille du débarquement de près de cinq cents hommes.

           Agissant suivant les tactiques de guérilla, ces hommes restent relativement discrets jusqu’à l’ordre de mobilisation générale et de prise des maquis, le 6 juin 1944. Le département est alors divisé en cinq zones, chacune tenue par une section qui doit, suivant les instructions officielles, contrôler et menacer les principaux axes de communication, mais aussi les grandes garnisons présentes dans les villes ou dans les zones stratégiques (frontières, régions accidentées…)

           D’un caractère plus mobile que territorial, ces unités, malgré leur espace d’action bien défini et leur encadrement très rigoureux, n’hésitent pas dans le cadre de leur politique de harcèlement, à changer de zone ou de département d’action. Elles gardent ainsi un caractère très instable qui donne à l’ennemi l’impression d’une force à la fois insaisissable et importante qui quadrille parfaitement le territoire.

           De même, l’action du C.F.P. en Béarn et en Soule, c’est-à-dire dans la partie non occupée du département au début de la guerre, n’est pas particulièrement régulière. En effet, suivant les instructions et les priorités du commandement, mais aussi en s’adaptant aux réactions ennemies, les chasseurs de Pommiès adoptent une stratégie variable, mais toujours plus engagée et intense lorsque approche l’issue du combat.

       De décembre 1943 à juin 1944, son action se base ainsi principalement sur la réalisation de sabotages et d’attentats isolés. Après l’ordre de mobilisation du 6 juin 1944, les opérations d’envergure commencent véritablement. Plusieurs actions effectuées au grand jour marquent alors par leur portée psychologique et militaire un cap dans la lutte de ces hommes de l’ombre. Cependant, du 20 juin au 30 juillet, cet élan et cette progression sont brisés. Leurs actions face aux trop fortes pressions ennemies doivent même être momentanément interrompues. Elles reprennent toutefois lors de l’assaut final et des grandes heures de gloire du Corps franc qui se déroulent en août 1944 avec les combats de la Libération et la chasse aux troupes allemandes en pleine débâcle. Cette aventure s’achève pour beaucoup de ces volontaires au cœur de l’Allemagne avec la prise de Stuttgart au printemps 1945 et la victoire finale.

           Exceptionnelle unité combattante du Sud-Ouest de la France, le Corps franc Pommiès reste donc malgré les nombreuses critiques qu’il subit l’un des plus remarquables symboles de la résistance dans ce qu’elle a de plus pur et de plus profond avec un engagement à la fois précoce et spontané, né d’un sincère et concret refus de la défaite et de l’humiliation.

 

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