Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

LAULHE Benoit. Résistance au Pays Basque.24: UNE RÉSISTANCE RAREMENT VIOLENTE.

 

UNE RÉSISTANCE RAREMENT VIOLENTE.

Benoit LAULHE – La Résistance au Pays Basque – Master U.P.P.A. – 2001 –

Fiche n°24.

 

 

UNE RÉSISTANCE RAREMENT VIOLENTE.

          Évoquer l’histoire de la Résistance au Pays basque est une affaire malaisée pour de multiples raisons : aux différents problèmes liés à la rareté des sources et des études, s’ajoute en effet une forme de spécificités caractérisées par une quasi-absence d’actions violentes, notamment des maquis, et par une prédominance des activités de renseignement et de passage en Espagne sur toutes les autres. Cette Résistance fut souvent tardive, isolée et même symbolique, nous pouvons ainsi comprendre que le sujet soit sensible et souvent délicat à aborder.

          Toutefois, au-delà de ces divers paramètres, il nous est indispensable de souligner et de prendre en compte l’importance du patriotisme des fils d’Euskadi et leur combat dans les Basses-Pyrénées, contre l’occupant et pour la liberté.

          Si les premières actions lancées durant l’été 1940 contre l’occupant sont surtout passives, non violentes et symboliques, elles marquent par leur important prestige et leur grande valeur patriotique toute la détermination du peuple basque et sa volonté de lutter contre le fascisme et la haine. Illustration parfaite de ce choix précoce du refus des fils d’Euzkadi, « l’accueil » hostile par une grande partie de la population des premières troupes nazies laisse présager d’une difficile cohabitation et de nombreux affrontements au grand jour ou dans la pénombre de la clandestinité.

          Toutefois, si ces réactions et ce contexte semblent être idéaux pour le lancement ou le développement d’une opposition structurée et armée, l’engagement effectif dans les mois qui suivent prend dans la pratique une tournure et une proportion inattendues. Ainsi, lorsque dans les autres régions plusieurs organisations « terroristes » voient le jour et commencent à se manifester, dans la partie basque du département une certaine léthargie se fait sentir. Seuls quelques actes d’hostilité isolés troublent en effet simplement l’ordre mis en place par l’occupant.

          Parmi ces rares mouvements, nous devons tout d’abord mentionner les actions précoces des maires et des militants communistes du Boucau et de Tarnos. Si leurs premiers actes ne consistent qu’à distribuer des tracts politiques et à appeler les ouvriers de la zone industrielle des Forges de l’Adour à s’opposer aux nazis, leur action évolue par la suite vers l’affrontement militaire et aboutit à un véritable mouvement de Résistance, organisé et efficace. Très présent dans l’armée de  l’ombre, dans cette zone, durant tout le conflit, il résume et regroupe aussi, presque à lui seul, toutes les opérations et « terroristes » lancées contre l’occupant.

          A côté de ces volontaires, l’un des plus grands représentants de cet esprit de résistance symbolique reste l’évêque de Bayonne, Mgr Vansteenberghe. A la tête du diocèse depuis 1939, il ne cesse jusqu’à sa mort, en 1943, de s’opposer publiquement et officiellement aux Allemands. Il incite ses fidèles, à plusieurs reprises, à refuser les ordres et à lutter contre l’occupant, souvent au péril de sa vie et malgré les menaces. Imité en cela par de nombreux autres hommes d’église et une foule de croyants, il demeure, pour son action et son courage, un exemple dans le pays tout entier, ouvrant ainsi la voie à de multiples autres engagements.

          Il convient aussi d’évoquer, à titre d’exemple, l’action d’un inspecteur de police du Boucau, André Bouillar, qui se consacre durant toute la guerre à la création d’importants mouvements de Résistance au Pays Basque. Participant à diverses opérations dans le cadre de cet embryon d’opposition, sur la côte comme à l’intérieur des terres, il s’illustre et s’impose rapidement comme un grand leader dans les rangs de « l’armée clandestine ». Toutefois, si ce résistant est particulièrement attaché aux groupes communistes du nord-ouest du département, il faut noter que d’autres mouvements paramilitaires, comme Libération-Nord, manifestent un rôle tout aussi important dans cette lutte contre l’occupant.

          Au-delà de ces quelques particularités, la Résistance est caractérisée par l’absence de structures, d’actions et de maquis, dans l’ensemble de la zone basque et plus particulièrement sur la côte. Enclavée dans une zone restreinte, dite « interdite », sous la haute surveillance des troupes spéciales affectées à la frontière et l’Organisation Todt, cette région présente une région urbanisée, sans réelles possibilités d’installation de maquis. Le regroupement des opposants et des combattants volontaires dans des espaces protecteurs et isolés, comme ce fut le cas en Béarn et en Soule, ne peut donc être réalisé, empêchant ainsi la création de foyers activistes de résistance, faisant pression sur l’occupant.

          Malgré ce constat, la Résistance n’en est pas moins présente. Elle l’est principalement au travers d’opérations de renseignements concernant les activités des troupes d’occupation (noms des unités, effectifs, déplacements routiers, ferroviaires, portuaires, défenses côtières, stocks de munitions, production des usines, etc.) Ces renseignements résultent généralement de travaux d’observation, d’infiltration et d’espionnage, en provenance de petits nombres de personnes rassemblées en réseaux. Les plus connus et les plus efficaces dans cette partie du département restent Confrérie-Notre-Dame, Castille, Mécano, Guynemer, et Nana.

          De même, à côté de ces actes d’espionnage, le passage en Espagne d’évadés constitue l’autre activité majeure de l’armée de l’ombre au Pays basque. L’action des structures spécialisées consiste principalement à faire sortir de France toutes les personnes menacées par les Allemands ou importantes pour les Alliés (pilotes, courriers, agents secrets…) et à les guider jusqu’aux contacts britanniques en Espagne. Quelques grands noms de structures marquent ainsi également l’histoire locale : Comète, Démocratie, Buckmaster, Margot, Alsace, Shelburn-Vaudeville, Zéro …

 

          « Secteur à part dans l’organisation de la résistance des Basses-Pyrénées »1 , la région basque souffre durant la seconde guerre mondiale d’une absence certaine de mouvements charismatiques d’opposition à l’occupant. Marquée par un manque de maquis dans sa partie occidentale, par une grande discrétion des rares structures armées existantes et par un engagement tardif par rapport au reste du département, l’armée de l’ombre locale intervient toutefois dans des opérations ciblées de renseignement et d’évasion.

            Ainsi, s’il est abusif de parler d’une zone désertée par la résistance, il est en revanche reconnu que cette partie du département est caractérisée durant la Seconde guerre mondiale par une activité clandestine et armée des plus limitée pour ne pas dire symbolique. Seule la spécialisation de quelques structures justifie ainsi l’emploi de l’expression « résistance basque ».

 

 

 

¹ Rapport national des archives de la résistance (CARAN, côte 72 AJ 175, copie fournie par Jean Crouzet).

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