Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

LAULHE Benoit. Réseaux. Passages. Passeurs.01: RESEAUX D’EVASION ET DE RENSEIGNEMENTS.

RESEAUX PARAMILITAIRES D’EVASION ET  DE  RENSEIGNEMENTS.

 

Benoit LAULHE – La Résistance dans les Basses-Pyrénées – Master U.P.P.A. – 2001 –

Fiche n°1.

 

 

 

RESEAUX PARAMILITAIRES D’EVASION ET DE RENSEIGNEMENTS.

Organisations clandestines à l’origine des principaux mouvements de  résistance, les réseaux paramilitaires naissent en France et dans notre département avec la défaite et l’invasion de l’occupant. Dans un premier temps spécialisées dans le renseignement, ces structures élargissent peu à peu leurs activités au passage par les Pyrénées vers l’Espagne, puis à la guérilla, leurs fonctionnements liant très souvent ces trois types d’actions.

            « Organisations clandestines rassemblant des personnes en liaison et obéissant aux même directives »¹, les réseaux paramilitaires de renseignement et d’évasion sont considérés dans notre département durant la Seconde guerre mondiale comme les « piliers » des mouvements de résistance basques et béarnais. Crées progressivement et dans le plus grand secret (généralement à partir d’une volonté britannique ou française), ces structures constituent dès l’invasion germanique les fondements et les principaux cadres des futures organisations de résistance.

            Spécialisés à leur naissance dans le renseignement et l’espionnage, les réseaux actifs dans notre région notre région établissent au début du conflit des contacts réguliers avec leurs bases par des liaisons radios ou par des rapports écrits, communiqués par courriers. Face à ces «embryons» d’opposition et à cette menace grandissante, les Allemands tentent dès les premières opérations de désorganiser, puis de réduire au silence, ces différents organes. Pour cela, diverses méthodes sont employées : infiltrations des services, localisations des émetteurs, appels à la délation… Malgré tous ces efforts, l’ennemi doit se résoudre à un constat d’échec, la tâche à accomplir étant bien trop importante, les adversaires trop nombreux.

            S’adaptant à cette traque permanente, les groupes de soldats de l’ombre parviennent à s’organiser et à obtenir quelques résultats. Ces derniers se présentent en général sous la forme d’informations secrètes sur les mouvements de troupes allemandes, sur les positions ennemies, sur leurs effectifs, leurs moyens, mais aussi sur la vie des autres réseaux de résistance (création de nouveaux groupes, pertes d’agents…)

            Une fois collectées, ces données peuvent suivre plusieurs itinéraires avant d’arriver en Angleterre. Pour les informations les moins urgentes, les responsables utilisent un système sûr, mais relativement long, qui sollicite plusieurs intermédiaires (fiche 6) et aboutit à un agent récepteur, communément appelé « boite aux lettres » (BAL). Avant dernières étapes de la « chaîne », habituellement localisées près des frontières ou des zones de contact avec l’étranger (ports, nœuds routiers…), les BAL recueillent et centralisent un maximum de renseignements en provenances des divers réseaux éparpillés dans tout le pays, avant de les faire parvenir grâce à un dernier agent (dans notre région, il s’agit souvent d’un guide de montagne (fiche 7), via les Pyrénées et l’Espagne, aux consulats britanniques (ces derniers se chargent par la suite du transfert vers Londres). Toutefois, il arrive souvent que ces informations soient particulièrement importantes et qu’elles nécessitent une transmission très rapide. C’est fréquemment le cas lorsque des membres de réseaux sont pris. La rapidité de réaction et de diffusion de la nouvelle limite alors souvent la portée et les conséquences de la «crise». Dans ces cas de figure, le moyen le plus adapté (mais aussi le plus dangereux car repérable), reste la transmissions par poste émetteur qui permet une liaison directe avec Londres.

            Au-delà du travail de collecte de renseignements, les réseaux résistants des Basses-Pyrénées se mettent rapidement à rechercher, créer ou utiliser des filières de passage et d’évasion en Espagne. Ces dernières ont pour principales missions, notamment grâce à l’engagement de spécialistes de la montagne appelés «Passeurs» (fiche 7), de faire traverser clandestinement la frontière aux personnes prises en charge par les réseaux (fiche 2) : il peut s’agir de courriers transportant les rapports, les photos ou les plans collectés par la résistance sur le terrain, de personnalités françaises ou étrangères (hommes politiques voulant rejoindre De Gaulle, dignitaires de pays occupés, familles de grands officiers exilés à Londres…), d’aviateurs alliés abattus au-dessus de la France et pris en charge par les soldats de l’ombre, mais aussi de simples volontaires qui désirent rejoindre l’Afrique du Nord et les Forces Françaises Libres (F.F.L.).

            Ainsi, à partir de 1941, évoquer les organisations de résistance dans les Basses-Pyrénées revient donc à parler d’actions de guérilla, mais également d’évasions et de renseignements. Cette dernière mission reste en effet pour les Britanniques et l’ensemble des alliés une priorité, un succès dans cette guerre de l’information correspondant souvent à une importante victoire militaire sur les différents théâtres d’opérations.

            Si l’activité des différents réseaux est longtemps restée multiple, avec l’augmentation des missions et des candidats à l’évasion, un début de spécialisation dans l’une ou l’autre des activités s’amorce. Dans un premier temps, de nombreuses structures (dans notre département en particulier) préfèrent axer leurs efforts sur l’évasion. Ce choix permet entre autres d’ouvrir et de proposer ces services aux réfractaires « extérieurs aux réseaux » sans prises en charge spécifiques (juifs, réfractaires au STO). Toutefois, le renseignement restant vital pour les Alliés, une importante partie de ces mouvements maintient ses agents en poste et crée de nouveaux pôles d’espionnage.

            Cependant, malgré un culte presque religieux du secret, les réseaux tenant dans cette condition l’une des garanties les plus essentielles de leur sécurité, les pièges ennemis, les nombreuses sollicitations, les exigences de résultats, mais surtout les nombreuses erreurs humaines causent la perte (fiche 19) d’une grande partie de ces organisations (le mécanisme des «dominos» explique souvent qu’à partir d’une arrestation isolée, des réseaux entiers s’effondrent).

            De nos jours, soixante ans après les faits, l’étude des réseaux reste encore difficile. Le caractère confidentiel de ces derniers, lié à un aspect parfois « fantomatique », c’est à dire sans assise concrète (ses membres travaillent souvent pour d’autres organismes et dans d’autres conditions), à une « érosion chronologique et historique » due à l’absence de traces écrites et à des déformations plus ou moins volontaires des faits (l’histoire du réseau Orion en est l’illustration type), ainsi qu’à une structure de fonctionnement des plus complexes, expliquent principalement ces problèmes. Pourtant, au-delà de ces difficultés, il peut être utile de sélectionner et d’analyser les méthodes, mais aussi les conditions et les critères d’action, d’une dizaine de réseaux (fiches 13, 14, 15, 16, 17) œuvrant dans notre région (sur plus de cinquante présents sur toute la chaîne des Pyrénées dont plus de la moitié spécialisés dans l’évasion). Détaillée et adaptée, l’étude de ces engagements nous permet donc d’obtenir une vision à la fois historique et réaliste de ce monde souvent obscur et méconnu des organes paramilitaires durant la seconde guerre mondiale.

                Organes centraux des résistances basques et béarnaises, les réseaux paramilitaires de renseignement et d’évasion représentent donc dans notre département les symboles les plus illustres des forces clandestines d’opposition à l’occupant.

            Évoluant au grès des sollicitations et de la répression nazie, leurs actions restent dans de nombreux cas à l’origine de victoires sur le sol national et sur les théâtres d’opération extérieurs.

 ¹Dictionnaire Larousse, 2001

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