Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

L’affaire de Barcus. Point de vue de la censure.

Le 6 juillet 1943, le responsable auxiliaire de la censure à Oloron transmet à son supérieur hiérarchique (Commandant Peyré) sa version de « l’affaire de Barcus ».

 

 

 

Transcription du document original

 

OLORON LE 6 JUILLET 1943

 

Monsieur Lamarque, censeur auxiliaire à Oloron

A Monsieur le Commandant Peyre, Chef Régional de la Censure

A Pau.

 

 

NOTES SUR LES INCIDENTS DE BARCUS ET MOUMOUR.

                Dans le courant de la deuxième quinzaine de juin, un premier convoi de dix personnes – parmi lesquelles trois femmes – se disposant à passer en Espagne, fit halte dans une ferme de la commune de Barcus. Le lendemain un convoi de trente et une personnes – dont une femme – arriva dans la soirée au hameau de Barcus, accompagné d’un passeur, lequel se présenta à la ferme Murcueillat, demandant, sous le prétexte que sa petite troupe était fatiguée, l’autorisation de la laisser passer la nuit dans une grange attenante à la maison. Le dame Murcueillat refusa cette autorisation, priant la petite troupe de s’éloigner. Le passeur amena alors les 31 personnes dans une grange un peu éloignée, appartenant toujours à la famille Murcueillat, l’y installa pour passer la nuit, se fit payer le prix du passage (62 000 francs dit-on) et disparut.

                Mais déjà les allées et venues du convoi de la veille avaient attiré l’attention du voisinage et ce fut la dénonciation. (Beaucoup croient que ce fut le passeur lui-même). Toujours est-il qu’un petit détachement de soldats de la Légion française antibolchevique, cantonnés depuis déjà plusieurs semaines à Moumour fut alerté et pendant la nuit ces hommes se transportèrent à Barcus, fermèrent pendant la nuit la grange et interdirent aux 31 personnes qui s’y trouvaient de sortir. Certains soldats allèrent quérir chez lui le fils Murcueillat jeune d’une vingtaine d’années environ, l’amenèrent à la grange et essayèrent de lui faire avouer qu’il favorisait la fuite en Espagne de ces gens. L’interrogation dura de longues heures, sans que le jeune homme, qui ignorait tout de cette affaire, put dire quelque chose et finalement ces soldats l’abattirent à coups de revolvers. Ils allèrent ensuite dans diverses maisons où ils prirent des victuailles et de l’argent, et finalement se retirèrent en emmenant deux propriétaires de Barcus, et après avoir prévenu la mère du jeune Murcueillat d’avoir à aller chercher le corps de son fils.

                Après ces incidents le groupe de la Légion antibolchevique qui se trouvait à Moumour a été transféré à Eaux-Bonnes et les fonds dérobés ont été restitués.

                Telle est la version des incidents survenus à Barcus et Moumour telle qu’elle a été donnée par le maire de Barcus.

Source :  SDA64, cote 71W22

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