Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Higuères-Souye. Découverte des corps des 5 victimes des combats du 10 juillet. 11 juillet 1944. Rapport de gendarmerie.

64-133318

Constat, établi le 11 juillet 1944 par la gendarmerie de Morlaas, suite à la découverte des corps des maquisards tués la veille au cours des combats avec les troupes allemandes.

11 juillet 1944                                                      Brigade de Morlaas

Combat entre Allemands et résistants à Higuères-Souye

(10 juillet 1944).

 

Le 11 juillet 1944 nous Lallement Gustave, adjudant, Estecahandy Pierre, Baudrillard André, Casaurang Jean de la brigade de Morlaas rapportons que le 11 juillet 1944 à 7h , nous adjudant Lallement et gendarme Baudrillard, informés que 4 cadavres d’hommes faisant partie d’un groupe de résistance avaient été découverts sur le territoire de la commune de Higuères-Souye, à la suite d’une opération de police effectuée la veille par des troupes allemandes, nous sommes rendus sur les lieux et avons recueilli ce qui suit :

  1. Majesté-Labourdenne, Emile, âgé de 56 ans, cultivateur à Higuères-Souye, déclare :

Hier 10 juillet 1944, vers 7h, plusieurs soldats allemands sont entrés chez moi, ils m’ont dit qu’ils étaient à la recherche de maquisards. En même temps, j’ai entendu d’autres soldats allemands tirer des coups de feu aux environs de ma maison. Je n’ai pas vu de maquisards. La fusillade a continué jusque vers 13h, heure à laquelle un soldat allemand m’a signalé qu’un homme du maquis venait d’être tué à une centaine de mètres de chez moi. Il m’a dit qu’il fallait le sortir de là et l’enterrer. Je me suis rendu sur les lieux où j’ai découvert en effet le cadavre affreusement mutilé par coups de feu et la moitié de la tête emportée. Le cadavre était vêtu d’un manteau gris, chemise blanche rayée noir, pantalon de treillis bleu, une vareuse bleue, sans chaussures.

Recherchant dans les environs, j’ai découvert le cadavre d’un deuxième homme du maquis qui également portait des traces de blessures à feu ; il était vêtu d’un pantalon bleu quadrillé, une veste bleue aviateur, chemise blanche, tête nue, chaussé de souliers montants jaunes à semelle de caoutchouc. Il portait un brassard au bras gauche.

Poursuivant mes recherches j’ai découvert un troisième cadavre d’un homme du maquis sous un châtaignier. Il était habillé d’une tenue bleue d’aviateur avec des boutons en cuivre, une chemise bleue, d’une veste de cuir par-dessus sa tenue, chaussé de brodequins, coiffé d’un béret (N.D.L.R. identifié plus tard : Dordet).

  1. Crabé Jean-Baptiste, 57 ans, adjoint au maire :

Hier 10 juillet dès la première heure les troupes allemandes ont effectué une opération de police contre le maquis sur le territoire de la commune. Cette opération n’a cessé que vers 17h.A la suite de cette opération, j’ai été informé que 4 cadavres d’hommes du maquis avaient été découverts. J’ai fait enlever les corps à la tombée de la nuit et les ai fait déposer à l’église de Souye en attendant les constatations d’usage. J’ai vu ces cadavres. Tous les 4 portent des traces multiples de blessures par armes à feu. Je n’en connaissais aucun et de nombreuses personnes de la commune qui ont également vu les cadavres ne reconnaissent aucune physionomie. J’ai appris que ces 4 hommes faisaient partie d’un groupe de résistance arrivé la veille à la ferme Cassagnau à Higuère-Souye. Cette dernière a été incendiée par les troupes d’opération. M. Cassagnau propriétaire de la ferme est procureur général de la cour de Riom. J’ignore son adresse actuelle.

  1. Lacaze Pierre, 53 ans, cultivateur :

Jai découvert le cadavre d’un homme près de l’église de Souye lequel m’a été désigné par le chauffeur d’un camion allemand comme venant d’être tué par eux. J’ai prévenu M. l’adjoint. Le cadavre était vêtu d’un costume vert foncé rayé de rouge avec un n° 37497 au bas de la veste, chemise bleue marine avec initiales A.C., coiffé d’un béret et aux pieds de chaussettes blanches, sans chaussures. J’ajoute que je ne connais pas cet homme, je ne l’ai jamais vu. Je ne l’ai pas fouillé et je ne sais pas s’il avait des papiers sur lui.

Nous nous sommes rendus à l’église de Souye où nous avons trouvé les 4 cadavres. Nous les avons fouillés en présence de M. Crabé et de plusieurs autres personnes.

Le 1er cadavre : taille 1,60m environ, forte corpulence, 35 ans environ, cheveux châtains, vêtu costume vert foncé rayé rouge avec le n° 37497 an bas de la veste. N’a pas été trouvé porteur d’aucun papier susceptible de le faire identifier. Une alliance qu’il portait au doigt et enlevée par nos soins n’était pas gravée.

(N.D.L.R. identification postérieure : Couturier).

Le 2ème cadavre : tailles 1,60m environ, corpulence plutôt mince, 40 à 45 ans, cheveux châtains, calvitie frontale très prononcée. Vêtu d’une tenue d’aviateur avec des boutons de cuivre avec insigne de l’aviation, une veste de cuir avec des demi-manches rapportées dans sa veste de tenue, une chemise bleu marine, chaussé de brodequins et chaussettes brun clair. N’a été trouvé porteur que de la somme de 28,50f sans papier.

(N.D.L.R. identification plus tard : adjudant André Dordet)

Le 3ème cadavre : taille 1,70m, assez forte corpulence , 45 à 50ans, vêtu d’un pantalon de treillis bleu, veste en drap gris foncé, d’un pardessus trois quarts gris clair portant la marque  «Etienne Carrère » 171 rue de Rome (Marseille), chaussettes grises sans chaussures, coiffé béret marque «Espelette ». N’a été trouvé porteur d’aucun papier ni objet.

(N.D.L.R. identifié plus tard : le maréchal des logis Henri Ziegler).

Le 4ème cadavre : taille 1,58m, corpulence moyenne, âgé de 18 ans, cheveux châtain foncé, vêtu pantalon râpé  bleu quadrillé, veste bleue aviateur, chemise blanche, chaussé brodequins souples à semelle caoutchouc couleur chamois, a été trouvé  porteur de la somme de 110f, d’un porte-cartes contenant divers photos et papiers, notamment une carte d’identité de Français n° 1638 délivrée par la mairie de Vic-de-Bigorre permettant de l’identifier comme suit : BRUMONT George, âgé de 18 ans, né le 21 avril 1926 à Laguian-Mazous (Gers) domicilié promenade du Midi à Vic-en-Bigorre (Hte. Pyr.).

Les 4 cadavres ont été examinés par le Dr. Menjot de Morlaas qui  a déclaré que le permis d’inhumer pouvait être délivré sous réserve.

Le 12 juillet 1944 à 8h nous gendarmes Estecahandy Pierre et Cazaurang Jean avisés qu’un cinquième cadavre avait été découvert à Higuères-Souye, nous sommes livrés à une enquête et avons recueilli ce qui suit :

  1. Laffitte Auguste, 24 ans, cultivateur :

Vers 10h en allant chercher une couverture que j’avais trouvée dans la matinée sur la R.D.33 et que j’avais jetée sur un remblai, j’ai été surpris de découvrir le cadavre d’un jeune homme à environ 8m de la route. Le jeune homme était étendu sur le dos les bras relevés, portant des traces de balles au front. Il a du être tué le 10 courant par les Allemands.

Le cadavre taille 1,65m environ, 27 à 35 ans, cheveux châtain foncé abondants, vêtu d’un complet bleu, veste croisée en gros drap genre tenue coiffeur-avec insigne Croix de Guerre 1939 – 1940 et médaille militaire à la boutonnière – sans chaussures, n’a été porteur d’aucun papier.

(N.D.L.R. identifié plus tard : Robert Lafargue cf. historique de l’ex Corps Franc Pommies page 17).

Source: archives de l’association.

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