Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

COCOSTEGUY Pierre. Itinéraire d’évasion d’un prisonnier de guerre. Juillet 1942.

camouFait prisonnier dans les Vosges en juin 1940, Pierre Cocostéguy s’évade le 6 juillet 1942 du commando de travail auquel il est affecté dans la région de Trèves. Il rejoint son village de Camou-Cihigue au terme d’un périple de trois semaines.

 

 

 

Dès la fin de l’année 1942, Pierre Cocostéguy consigne dans un cahier d’écolier le déroulement de son évasion qu’il accomplit avec deux camarades de détention – Guillaume Pamis originaire de Laloubère (65) et Marcel Soubié originaire de Buis-les-Baronnies (26).

Ce récit, écrit sur le vif, a été publié par l’Association Ikerzaleak dont le siège est à Mauléon.

Référence bibliographique:

Cocostéguy Pierre, Comment je me suis évadé d’Allemagne après 747 jours de captivité, édition Ikerzaleak, Mauléon, 2012, 99 pages.

Adresse de l’Association: Maison du Patrimoine 64130 Mauléon Licharre.

Site de l’Association: http://ikerzaleak.wordpress.com/

 

Leur évasion au jour le jour.

Notes de lecture de l’ouvrage cité en référence.

REMARQUE: chaque date inclut les événements de la nuit au lendemain.

Dimanche 5 juillet 1942.

Préparatifs du départ.

Pierre Cocostéguy se camoufle toute la journée dans une cache qu’il a aménagée dans une grange de la ferme où il est affecté comme travailleur agricole. A la tombée de la nuit, il part rejoindre, au rendez-vous convenu, ses deux camarades d’évasion et ils atteignent la rivière Nahe. (5km). Nuit camouflés dans la nature.

Mardi 7 juillet 1942.

Traversée de la Nahe à gué. Marche dans la campagne. En fin de nuit arrêt en lisière de forêt. (5km).

Mercredi 8 juillet 1942.

Départ en fin d’après-midi pour une marche à la boussole à travers landes et cultures. Les fugitifs égarent leur unique gourde qu’ils retrouvent avec soulagement. Poursuite de la marche en forêt jusqu’à l’aube (10km). Arrêt et repos sous une sapinière.

Jeudi 9 juillet 1942.

Départ en fin d’après-midi et traversée des installations de la ligne Siegfried. Arrivés aux abords d’une ville au lever du jour, les fugitifs, pour échapper aux passants, se cachent en terrain marécageux dans un roncier. (10km).

Vendredi 10 juillet 1942.

Journée avec peu de repos car ils sont à proximité d’une zone très passante. En faisant le point, les trois fugitifs se rendent compte qu’ils ne sont arrivés qu’à proximité de Neuenkirchen. Leur marche suit le cours de la Blies et s’avère difficile étant donné le terrain marécageux et quadrillé de fossés. Après avoir échappé à une sentinelle puis au piège de la falaise d’une carrière à ciel ouvert, au lever du jour, les trois hommes fuient craignant d’être découverts par un garde-barrières. (7km).

Samedi 11 juillet 1942.

Départ dès la nuit tombée. Ils sont à 2 kilomètres de Deux-Ponts où ils arrivent vers minuit et qu’ils traversent sans éveiller de soupçons ni faire de mauvaises rencontres. Sortis de la ville, ils continuent leur chemin en direction de Sarreguemines. Arrêt après Mittelbach dans une sapinière. (20km).

Dimanche 12 juillet 1942.

Deuxième semaine et premières inquiétudes quant au ravitaillement. Des betteraves crues commencent à compléter les vivres disponibles. Les fugitifs décident de renouveler l’expérience de la veille et de suivre les routes pour accélérer leur marche. Incident dans la traversée de Altheim où ils se heurtent à un veilleur auquel ils échappent. Leur marche se poursuit à travers la campagne dans la nature. (12km).

Lundi 13 juillet 1942.

Après le repos, les trois marcheurs s’interrogent sur leur arrivée ou non en Lorraine. Le doute est levé dès la reprise de la marche en fin de journée. Marius ayant effectué son service militaire en Lorraine reconnait la vallée de la Sarre et la voie ferrée Bitche – Sarreguemines. La marche se poursuit avec la traversée d’ouvrages de la ligne Maginot. Arrêt en fin de nuit.

Mardi 14 juillet 1942.

Réveil en sursaut aux bruits d’une fusillade proche: des militaires en exercice s’éloignent. Reprise de la marche en fin d’après-midi. Traversée de la voie ferrée Metz – Strasbourg. Ils marchent en forêt et sont arrêtés par une pluie violente. Ils connaissent un moment de découragement qui les fait douter de leurs chances de réussite. Reprise de la marche à l’aube. Ils réussissent à traire un peu de lait avant de s’arrêter. (20km).

Mercredi 15 juillet 1942.

Reprise de la marche et passage au large de Sarre-Union. « Nous marchons comme des abrutis ». Arrêt avant l’aube pour un peu de repos. (18km).

Jeudi 16 juillet 1942.

Pour assurer leur sécurité, au réveil, camouflage au milieu d’un champ de blé. A l’approche de la frontière, mise au point de la conduite à tenir en cas de mauvaise rencontre: se disperser. Fourbus, les pieds plus ou moins blessés, ils repartent et quittent la route pour éviter une présence humaine. A travers la campagne, ils retrouvent la vallée de la Sarre. Évitant les maisons abandonnées d’un village, ils se réfugient dans un buisson. (15km).

Vendredi 17 juillet 1942.

Après un peu de repos, les trois fugitifs se préparent  mentalement à l’étape décisive: franchissement du canal de la Marne au Rhin qui fait frontière avec la zone occupée. Départ en fin d’après-midi pour un franchissement chanceux du canal (une passerelle,une nuit noire,pluvieuse et froide). Plusieurs heures de marche en France non occupée. A la fin de la nuit , abri dans de vieux ouvrages militaires. (10km).

Samedi 18 juillet 1942.

Découverte de la France occupée: pression exercée par la Gestapo sur la zone frontière, à la poursuite des prisonniers fugitifs. Rencontre avec un homme qui leur fournit des vêtements civils et des informations pour rejoindre un « café des Amis » à Cirey où ils sont restaurés, hébergés pour la soirée et la nuit. (15km).

Dimanche 19 juillet 1942.

Marche toute la journée à travers la zone occupée. Ils sont confrontés aux regards des gens du cru qui, le plus souvent, leur apportent, au minimum, un soutien moral. Arrivée à Baccarat en fin de journée. Accueil avec dîner et hébergement dans la grange d’une ferme. (30km).

Lundi 20 juillet 1942.

Journée à Baccarat pour organiser le voyage par le train jusqu’à Besançon par Épinal et Belfort. Après-midi de repos. Accueil, restauration et hébergement à titre onéreux au café « Le Gaël ». Note de 180 francs.

Mardi 21 juillet 1942.

Par le train , de Baccarat à Épinal, d’Épinal à Belfort (avec des jeunes volontaires partant travailler en Allemagne), de Belfort à Besançon sans aucun contrôle. En sortant de la gare à Besançon, ils sont accostés par un inconnu qui leur propose son aide pour franchir la ligne de démarcation en les prenant en charge à Fresnoy au passage d’une locomotive. Marche jusqu’à Fresnoy où ils entrent en contact avec une filière de passage qui leur offre gite et couvert.

Mardi 22 juillet 1942.

Au point de rendez-vous convenu, prise en charge sur la locomotive conduite par l’inconnu de la veille. Enfermés avec 4 autres personnes dans le réservoir à eau aménagé du tender. Passage sans encombre mais pas sans crainte de la ligne de démarcation à Arbois. Poursuite du voyage à l’air libre par Lons-le-Saulnier, Ambérieux et Lyon. Arrivée à 20h30. Ils se rendent dans un centre d’accueil pour la nuit.

Mercredi 23 juillet 1942.

Prise en charge dans une caserne pour une douche et un habillage civil à neuf. Hôpital pour une visite sanitaire.

Jeudi 24 juillet 1942.

Départ pour Bourg-en-Bresse: formalités de démobilisation administratives et sanitaires. Hébergement sur place.

Vendredi 25 juillet 1942.

A l’arrivée des rapports de la gendarmerie de leur localité confirmant leur identité, les trois évadés sont démobilisés. Départ en train pour Lyon et en suivant pour Toulouse.

Samedi 26 juillet 1942.

Arrivée à Toulouse puis, en vélo-taxi , jusqu’à Laloubère chez Guillaume Pamis. Passage à Lourdes.

Dimanche 27 juillet 1942.

Arrivée par le train à Tardets et retour à Camou-Cihigue

 

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