Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Affaire d’ALLEMAGNE. Suite donnée par le Préfet des Basses-Pyrénées à la dénonciation reçue de la Milice. Août 1943.

Suite à la dénonciation de M. d’ALLEMAGNE pour propos antinationaux qu’il reçoit de la Milice, le Préfet des Basses-Pyrénées se saisit de l’affaire et ordonne une enquête de police dont il transmet les résultats au dénonciateur.

Le dossier qui fait suite à la dénonciation comprend chronologiquement 3 pièces administratives:

  • le Préfet missionne le service des enseignements généraux pour une procédure d’enquête (13 août 1943),
  •  le Directeur départemental du service des renseignements généraux informe le Préfet des résultats de l’enquête (25 août 1943),
  • Le Préfet informe le Chef départemental de la Milice (6 septembre 1943).

 

Transcription des documents originaux.

1) Lettre du préfet des Basses-Pyrénées au Commissaire principal des Renseignements Généraux.

Lettre en date du 13 août 1943. Suite à la dénonciation datée du 5 août 1943.

 

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                                                                                                                                                                                                           PAU, le 13 août 1943

P.L. / O.B.

C.D.464 S.1

Les Préfet des Basses-Pyrénées

à

Monsieur le Commissaire Principal, Chef du Service des Renseignements Généraux

à PAU

____________

Objet : A/s de propos tenus par M. d’ALLEMAGNE, employé au Contrôle Postal à PAU.

 

Monsieur le Chef Départemental de la Milice Française vient de porter à ma connaissance que M. d’ALLEMAGNE, demeurant à PAU, dans une pension de famille, 19, rue Henri Faisans, employé au Service du Contrôle Postal (rue Samonzet), aurait tenu, il y a une quinzaine de jours, des propos particulièrement hostiles aux miliciens dans les circonstances suivantes :

L’intéressé se serait présenté chez Me. PICHE, demeurant à PAU, ancien Hôtel Gassion, dans le but de louer une chambre. S’étant aperçu que les bureaux de la Milice étaient installés dans le même immeuble, il aurait déclaré à cette personne qu’il n’habiterait jamais dans un bâtiment abritant des miliciens et aurait ajouté : « Nous les aurons tous jusqu’au dernier ».

Il aurait enfin signalé à Me. Piche « il est dangereux pour vous de loger dans le même immeuble (que les miliciens), car nous les exterminerons de toute façon. A Lyon, nous en avons déjà tué beaucoup ».

Je vous pire de vouloir bien faire procéder à une enquête approfondie sur le compte de M. d’ALLEMAGNE, qui serait un ancien officier récemment muté de LYON à PAU, en vue de recueillir tous les renseignements utiles sur son attitude et son activité au point de vue politique et national.

J’attacherais du prix à ce que vous me teniez informé, le plus rapidement possible, du résultat de vos investigations.

Le Préfet                                                  

Cachet CONFIDENTIEL apposé en première page. 

 

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2) Rapport de l’inspecteur TERCQ communiqué au Préfet par le Commissaire principal des Renseignements Généraux.

Lettre datée du 25 août 1943, reçue en Préfecture le 27 août 1943.

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MINISTERE                                                                                                                                                                                      REPUBLIQUE FRANCAISE

DE L’INTERIEUR

DIRECTION GENERALE

DE LA SURETE NATIONALE le 25 août 1943

Service départemental des Renseignements généraux

des Basses-Pyrénées.

N° 5235

L’Inspecteur TERCQ Maurice du Service Départemental des Renseignements Généraux, à PAU

à

Monsieur le Commissaire Principal, Chef de Service, à PAU,

Objet : A/S de propos tenus par M. d’ALLEMAGNE.

Référence : lettre de M. le Préfet en date du 13 août 1943, n° 464 Cab ; S .1

En réponse à la lettre citée en référence et conformément à vos instructions, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance ce qui suit :

Mr d’ALLEMAGNE Albert, célibataire est né le 11 décembre 1905 à St-HURUGE (Saône-et-Loire) d’André et de Buffe Mathilde et demeure actuellement villa « Oroïtzia » avenue San Carlos à PAU.

Avant la guerre, il était journaliste à Lyon au journal « Le Progrès de Lyon » jusqu’en 1938. Il partit, à cette époque à Montréal toujours comme journaliste.

A la déclaration de guerre, en septembre 1939, il rentra en France pour se faire mobiliser comme volontaire car il avait été réformé.

Etant lieutenant de réserve, il fut mobilisé avec son grade au 189ème R.A.L.T. Et démobilisé fin juillet 1940.

Nommé au Commissariat à la Lutte contre le Chômage à Vichy en juillet 1941, il fut détaché le 1er septembre de la même année à Annecy dans un Camp de travailleurs français comme chef de groupe, poste qu’il a occupé jusqu’en juin 1943, date de son arrivée à Pau au Service du Contrôle Postal.

Aucune remarque défavorable ne semble devoir être faite sur son compte depuis qu’il est à Pau, de bons renseignements ayant été reçus dans son entourage. Il n’a aucune activité politique et son attitude du point de vue national est correct.

Discrètement interrogé sur les faits qui lui sont reprochés, Mr d’ALLEMAGNE m’a expliqué que cherchant à se loger, il s’était présenté chez Me. PICHE, hôtel Gassion pour louer une chambre.

Voyant que la Milice logeait dans cet immeuble, il a déclaré à Me. PICHE «  qu’il ne tenait pas à y demeurer car il estimait que c’était peut-être dangereux, étant donné qu’à Lyon et Annecy d’où il venait, il y avait eu es attentats contre les locaux de la Milice »

Il affirme n’avoir rien dit d’autre et surtout n’avoir prononcé aucune parole hostile à l’égard de la Milice.

Me. PICHE elle-même, à son tour, m’a affirmé que Mr. D’ALLEMAGNE n’avait tenu aucun propos hostile aux miliciens lors de sa visite mais qu’il lui avait simplement raconté ce qui s’était passé à Lyon et Annecy et craignant de pareils incidents à Pau, qu’il préférait ne pas loger dans le même immeuble que la Milice.

Me . PICHE pense que ces propose ont été rapportés et complètement déformés par une de ses amies qu’elle sait en relation étroites avec la Milice.

Elle avait rencontré cette amie après la visite de Mr. D’ALLEMAGNE et lui avait raconté, en plaisantant, dit-elle, la peur de mR. D’ALLEMAGNE de loger dans le même immeuble que la Milice.

Me. PICHE m’a précisé que Mr. D’ALLEMAGNE avait été d’une correction parfaite et qu’il lui avait laissé la meilleure impression.

Il apparaît donc que nous nous trouvons en présence de bavardages féminins inconsidérés et qu’aucun reproche ne puisse être à Mr. D’ALLEMAGNE.

L’Inspecteur                                                               

signé illisible                                                                

Cachet du Commissaire Principal des Renseignements Généraux en date du 25-8-43.

A remarquer que cette lettre est, malgré la date, à en-tête de « République Française ».

 

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3) Lettre du Préfet des Basses-Pyrénées au Chef départemental de la Milice Française.

Lettre datée du 6 septembre 1943.

______________________________

 

PAU, le 6 septembre 1943                          

P.L. / L.G.

C.S.D. 498 A.B.2

Le Préfet des Basses-Pyrénées

à

Monsieur le Chef Départemental de la MILICE FRANCAISE

à PAU

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Objet : A/s. De propos prêtés à m. Albert d’ALLEMAGNE.

Référence:V/ lettre n° 832 du 5 août 1943.

Monsieur le Chef Départemental,

Par votre lettre citée en référence, vous m’avez communiquez les informations d’un milicien rapportant lui-même les propos d’une dame PICHE, demeurant à PAU, Hôtel Gassion, relatifs aux déclarations qu’aurait faites à cette dernière, au sujet de la Milice Française, M. Albert d’ALLEMAGNE, employé au Contrôle postal à PAU.

J’ai l’honneur de vous faire connaître que l’enquête très sérieuse effectuée au sujet de cette affaire n’a pas permis d’établir la réalité des paroles prononcées par M. d’ALLEMAGNE.

En effet, longuement interrogée à ce sujet, Mme. PICHE a affirmé que l’intéressé n’avait tenu aucun propos hostile à la Milice lors de sa visite. Mais qu’il lui avait simplement raconté les incidents récents de LYON et d’ANNECY.

Mme PICHE pense que l’on a mal interprété le récit qu’elle avait elle-même fait de la visite de M. d’ALLEMAGNE et qu’il a été rapporté, en le déformant complètement , par une de ses amies, elle-même en relation avec certains membres de la Milice Française.

Il semble bien, dans ces conditions, qu’il s’agisse de bavardages inconsidérés et qu’aucun reproche ne puisse être fait à M. d’ALLEMAGNE ;

Veuillez agréer, Monsieur le Chef Départemental, l’expression de mes sentiments très distingués.

Le Préfet                                                                   

P.E. GRIMAUD 

Cachet CONFIDENTIEL apposé en début de lettre.

Source des trois documents: AD64 Cote, 1031W166.

Documents originaux:

 

 

 

 

 

 

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