Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

6 juin 1944, jour du débarquement. A la Une du Patriote des Pyrénées.

Le 6 juin 1944, la Une du « Patriote des Pyrénées » titre sur« les opérations militaires » dont« une tentative de débarquement » et fait état d’un discours de M. Déat « flétri(ssant) le terrorisme ». L’éditorial de Henri Sempé « …MAIS UN PEU TARD… » s’attache à démontrer les divergences qui opposeraient les Alliés et « les dissidents » quant à la gouvernance de la France Libérée.

 

Pour accéder à la une du  » Patriote des Pyrénées » du 6 juin 1944: cliquer ici.

 

Reproduction de l’éditorial du 6 juin 1944 signé Henri Sempé.

 

« ….MAIS UN PEU TARD »

Le Comité d’Alger est en ce moment, extrêmement nerveux et inquiet. Ne croyez pas que l’état dans lequel ses « libérateurs »sont entrain de mettre notre malheureux pays soit pour rien dans cette émotions et cette fièvre.Le Comité d’Alger est pleinement d’accord avec ces messieurs de Londres et de Washington et il leur fait la dessus pleinement confiance : il est le premier à penser et à dire que l’enfer des bombardements aériens n’est que le juste prix la « libération »;il en est même d’autant plus convaincu que ce prix là, ce n’est pas lui qui le paye. Le Comité d’Alger a bien d’autres soucis.C’est son propre avenir qui l’inquiète.

On sait que l’ex-général de Gaulle devait se rendre à Londres pour en discuter. Ce voyage avait été décidé à la suite du récent discours de M. Churchill , dont l’agence Reuter avait pu dire :  « La Chambre a paru satisfaite de l’assertion de M. Churchill selon laquelle les alliés n’estimaient pas que le Comité d’Alger représentait la majorité du peuple français. » Cette assertion avait causé,par contre, une émotion si vive et si légitime que, pour la calmer, M. Churchill invita de Gaulle à venir à Londres étudier avec les représentants de l’Angleterre et des États-Unis le statut de l’occupation anglo-américaine en cas de débarquement. Mais un nouvel incident surgit aussi tôt : les Américains firent savoir qu’ils refusaient de participer à cette conférence. En même temps, les dissidents apprenaient qu’à Washington on s’en tenait à la thèse déjà annoncée par M.Cordell Hull : en cas de débarquement, le général Eisenhower et le quartier général allié assureront la gestion de la France ; les dissidents n’ayant à ce chapitre que voix purement consultative. Le « News Chronicle » précisait même que Washington émettrait 80 milliards de francs en billets de banque qui auraient cours sur le territoire français.

« Si certains Alliés – déclara l’agence dissidente A.F.I. – croient pouvoir jouer le rôle de gouvernants de la France, pour citer l’expression de Sir Samuel Hoare,s’ils croient pouvoir prendre en main la politique et choisir nos fonctionnaires,ils répandront la confusion et le désordre. »

Et l’agence rappelait ici, comme une autre affirmation des « visées hégémoniques » de « certains alliés » sur la France, cette phrase du dernier discours de M. Hore Belisha :

« Il n’est pas excessif de demander que dans certaines parties de de l’Europe et plus particulièrement dans les régions les plus proches de nos rivages, il se produise un abandon d la souveraineté des États en faveur des nos organismes. »

Les dissidents sont en train de découvrir, mais un peu tard, qu’en croyant « libérer » la France, ce n ‘est pas seulement son Empire qu’ils ont livré à l’Étranger, mais aussi sa Métropole.

H.S.

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