Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

1er mai 1943. Le P.C.F lance un appel à « un premier mai de combat ».

Les mouvements de Résistance décident de faire du 1er mai 1943 une « journée nationale de lutte contre la déportation » (contre le Service du travail Obligatoire) et appellent à une grève d’un quart d’heure accompagnée de manifestations. Dans ce cadre, le P.C.F. lance un appel à « un premier mai de combat ».

 

 

Transcription de l’appel.

 

POUR UN PREMIER MAI DE COMBAT.

                Pour la troisième fois, le peuple français va vivre la journée du premier mai sous l’œil des barbares nazis. Mai le 1er mai 1943 se présente dans des conditions qui soulignent l’affaiblissement de l’ennemi et nous permettent les plus grands espoirs.

                Au cours de l’hiver dernier, Hitler a subi sur le front de l’Est de terribles défaites : une armée de 330 000 hommes a été encerclée sur le front de Stalingrad et son chef, le Maréchal Paulus, a été fait prisonnier avec 90 000 soldats, 3 000 officiers et 7 généraux ; les troupes nazies ont été chassées du Caucase, reculé de plusieurs centaines de kilomètres et la tentative d’encerclement des troupes soviétiques sur le Donetz a échoué.

                Le camarade Staline, dans son ordre du jour du 26 février dernier, à l’occasion du 20ème anniversaire de l’armée rouge, a souligné que depuis le début de la guerre sur le front de l’Est, l’Armée Rouge a hors de combat 9 millions de soldats nazis dont 4 millions de tués.

                L’Allemagne hitlérienne saignée à blanc s’est affaiblie, tandis que l’Armée Rouge augmente ses réserves et accroit ses fabrications de guerre, mais Hitler veut donner le change à son peuple, il n’ose pas avouer les pertes formidables qu’il a subies et il a osé parler de 542 000 tués.

                Ce mensonge ne peut tromper personne car, si Hitler n’avait perdu que 542 000 tués depuis le début de la guerre, il ne serait pas acculé à mobiliser les femmes et les enfants en Allemagne, pas plus qu’il ne serait dans l’obligation de faire la chasse à l’homme dans les pays qu’il occupe provisoirement.

                A bas la mobilisation pour Hitler. Aidé dans sa criminelle besogne par les traitres de Vichy qui déclarent ouvertement souhaiter la victoire l’Allemagne, Hitler a tout d’abord monté avec Laval la comédie de la « relève » mais le procédé s’est révélé bien vite inefficace, car les ouvriers français n’ont pas été dupes du boniment hitléro-vichyssois et ne sont pas partis.

C’est en raison de cette résistance ouvrière que les boches et leurs valets vichyssois en sont arrivés à organiser la mobilisation des français pour les envoyer en Allemagne servir de chair à travail et aussi de chair à canon, car il est établi que de nombreux Français déportés en Allemagne sont envoyés sur le front de l’est où ils vont mourir d’une mort infamante sous l’uniforme boche.

C’est pour aider Hitler à résoudre la terrible crise des effectifs dont il souffre que Laval et Pétain ont institué le service du travail pour les jeunes de 21 à 23 ans, c’est pour cela que la police des négriers de Vichy aux ordres de la GESTAPO procède à des rafles, à des perquisitions, à des arrestations et livre les français à l’ennemi.

Mais partout le peuple français réagit. Dans la Savoie des milliers de jeunes et de travailleurs désignés pour partir en Allemagne ont gagné la haute montagne et se sont organisés en groupes armés. Dans les Hautes-Alpes des milliers de patriotes se sont enfuis des trains qui les emmenaient en Allemagne et ont gagné la montagne où ils s’organisent en groupes de partisans.

Dans les Pyrénées, dans la Corrèze, de semblables manifestations de résistance se sont produites et, partout, en Bretagne, dans la Vendée, dans les Vosges, dans la Franche-Comté, des milliers de patriotes, parmi lesquels de nombreux jeunes gens, ont refusé de partir chez les boches et ont préféré vivre la dure mais exaltante vie de francs-tireurs et partisans.

La France en guerre contre Hitler. Ainsi le peuple français montre sa volonté de combattre l’ennemi par tous les moyens, sa volonté de pendre part à la guerre de plus en plus activement aux cotés des alliés.

Si Hitler réussissait à vider la France de ses enfants les plus jeunes les plus actifs, la cause de la libération nationale et la cause des alliés souffrirait car, à l’heure du deuxième front, la participation de la nation française au combat contre les nazis serait réduite d’autant.

C’est pourquoi l’intérêt de la France exige que soir empêchée à tous prix la déportation des français en Allemagne et c’est pourquoi les Français quand ils demandent la constitution d’un 2° front sont préoccupés de voir tout mettre en œuvre pour empêcher Hitler de se fortifier aux dépens de la France et de ses alliés.

Les Français qui voient les boches régner en maîtres sur notre beau pays, qui voient piller et affamer notre peuple, fusiller d’ardents patriotes et déporter des milliers des leurs comme des troupeaux d’esclaves, comprennent que dans un combat où se joue le destin de l’humanité, la France ne peut demeurer passive et résignée mais doit entrer froidement résolument dans la guerre.

S’unir, s’armer, se battre.

Déjà de nombreux français ayant refusé de partir en Allemagne ont rejoint les détachements de francs-tireurs et partisans et ont pris l’initiative de constituer des groupes armés, avec des amis, des voisins, des compagnons d’atelier, mais c’est en masse que les patriotes doivent désormais s’organiser en formations de combat et entreprendre une implacable guerre de guérillas contre l’ennemi, comme le font des partisans en Union Soviétique où le 1er mai sera une journée de mobilisation de toutes les forces du pays pour la lutte contre l’Hitlérisme.

C’est l’heure pour tous les Français, pour la jeunesse ardente de tout le pays de s’unir, de s’armer, de se battre et de se préparer à faire du 1er mai une grande journée de lutte contre les Hitlériens.

Hier, le 1er était, pour la classe ouvrière, une journée de lutte revendicative et de lutte pour le progrès social : aujourd’hui, le 1er mai doit être une journée de lutte de tous les Français contre l’ennemi exécré.

Pour préparer un premier mai de combat.

Camarades, ouvriers.

Unissez-vous, adhérez en masse au syndicat, déposez vos cahiers de revendications, organisez des délégations, exigez que vos revendications soient satisfaites par tous les moyens, y compris la grève, ne laissez pas déporter les camarades, ripostez par la Grève à toute tentative de déportation et à toute arrestation de vos camarades !

Intensifiez le sabotage des fabrications de l’ennemi, détruisez ses machines, incendiez ses usines, formez des groupes de destructeurs afin d’empêcher l’ennemi d’utiliser l’industrie française pour les besoins de sa machine de guerre et, le 1er mai, faites grève générale.

UNION ET ACTION REVENDICATIVE, ORGANISEZ VOUS DANS VOS SYNDICATS, VOS COMITES POPULAIRES. LE 1ER MAI, AGISSEZ PAR LA GREVE GENERALE DE 24 HEURES.

CHEMINOTS, suivez l’exemple de vos frères de CHAMBERY qui ont constitué leur comité d’unité syndicale pour l’action (Chrétiens y compris) et unis dans vos syndicats et dans vos comités d’unité syndicale, refusez de convoyer les trains de l’ennemi, sabotez et détruisez les forces, wagons, aiguillages : que pas un train ne roule pour les boches !

METALLOS, suivez l’exemple de vos frères de FIRMINY et de la Loire qui ont fait grève contre les déportations, ceux de La Ciotat, qui, à 1000, ont fait grève pour la question des heures supplémentaires. Rassemblez-vous dans vos syndicats, constituez vos comités d’action syndicale ; unissez-vous et agissez contre les déportations , pour 50% d’augmentation des salaires et un meilleur ravitaillement. Constituez vos équipes de sabotage, vos groupes de francs-tireurs et partisans. Sabotez, détruisez, faites sauter, incendiez tout ce qui peut servir l’ennemi.

MINEURS ET SIMILAIRES, rejoignez en masse vos syndicats, constituez vos comités d’unité syndicale. Union et actions pour vos revendications, faites sauter les puits les centrales et les installations diverses. Pas un homme, pas un gramme de minerai de charbon pour le boche.

PAYSANS, accueillez de tout votre patriotisme, hébergez et nourrissez les jeunes braves qui se soustraient à la mobilisation pour les boches. Luttez contre les réquisitions et destinez aux français vos bêtes et vos produits, refusez de garder les voies pour les boches, reprenez les fusils livrés aux boches de Vichy, ils sont à vous et vous sont nécessaires pour combattre les boches et les agents de réquisition.

MAMANS, FEMMES, JEUNES FILLLES, suivez l’exemple de vos sœurs de Montluçon et de Romans qui, envahissant les gares, se sont couchées sur les voies pour empêcher les trains de partir et d’emporter leurs fils, maris, frères et fiancés mourir chez l’ennemi. L’exemple de vos sœurs de Nice qui ont manifesté contre la suppression des quota de lait aux enfants de plus de 6 ans, celles d’Avignon qui, à 400, ont lutté et obtenu des matières grasses, celles de Toulon qui, à 2000, ont manifesté avec leurs gosses et ont obtenu des pâtes et des légumes secs, celles de Jullien-Bourgoi qui, à 150, ont manifesté et obtenu un Kilog de pommes de terre pour chaque membre de la famille des manifestantes.

Formez vos comités, faites des pétitions, allez collectivement dans les mairies et les Préfectures pour que cesse la monstrueuse expédition organisée par les hitlériens et les traitres de Vichy contre les Savoies, pour que cessent les déportations des êtres qui qui vous sont chers, et pour un meilleur ravitaillement.

INDUSTRIELS, aidez vos ouvriers à échapper à la Gestapo, prévenez-les à temps s’ils sont menacés de déportation, aidez-les à partir et faites tout ce qui est en votre pouvoir pour faire échec au Plan de l’ennemi.

FONCTIONNAIRES, sabotez les maisons administratives concernant la déportation des Français en Allemagne, détruisez les listes, prévenez les Français menacés, fournissez-leur des pièces d’identité, des tickets d’alimentation et toutes indications pouvant les aider. Quant aux policiers qui ne veulent pas agir en boches et mériter le châtiment réservé aux traitres qu’ils refusent de se faire les négriers des nazis.

GREVE GENERALE ET MANIFESTATION

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FRANÇAIS, FRANCAISES !

Faisons du 1er mai 1943 une journée d’affirmation de notre foi commune dans les destinées de la Patrie !

Que partout le 1er mai la Grève Générale prenne le Caractère d’une Puissante Manifestation d’Union et de Combat Contre l’Ennemi !

Que partout le Premier Mai des Manifestations se produisent sous Toutes les Formes et Montrent aux Envahisseurs que notre Peuple, que la France Toute Entière est Prête à Tout pour Reconquérir sa Liberté et son Indépendance !

Que partout à l’Occasion du 1er Mai des Milliers de Patriotes Rejoignent les Rangs des Francs-tireurs et Partisans qui Prolongent en France le Combat des Soldats de De Gaulle et de Giraud et qui sont le Noyau de l’ARMEE Populaire de la LIBERATION !

Que partout à l’Occasion du 1er mai des Collectes soient organisées pour les Francs-tireurs et Partisans afin de leur montrer que la Nation est Derrière ses Fils qui se Battent les Armes à la Main pour la LIBERATION DE LA PATRIE !

En Avant pour un Premier Mai de Combat, pour un Premier Mai de Solidarité avec les Alliés Anglo-Américains et avec le Grand Pays du Socialisme, l’Union Soviétique, sur qui pèse le poids essentiel de la machine de Guerre Hitlérienne et qui, par ses sacrifices, a rendu désormais certaine la libération de la France.

                                                                                                      EN AVANT CONTRE LES BOCHES ET LEURS VALETS DE VICHY !

                                                                                                     VIVE LE PREMIER MAI DE COMBAT !

                                                                                                     VIVE LE France LIBRE ET INDEPENDANTE !

                                                                                                                                         Le Parti Communiste Français (S.F.I.O.)

 

Mention manuscrite portée en marge de la page du document original : 1 exemplaire porté à M. le Préfet le 20/4/43 par sous-préfet.

Source: SDA 64 cote 37W37

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